Un «supplice», voilà ce que vont vivre durant cet «été de l'enfer» des centaines de milliers de voyageurs de Penn Station, la gare la plus fréquentée d'Amérique du Nord, qui a lancé lundi une vague de travaux d'urgence qui vont sensiblement perturber le trafic.

«Ca va être un supplice», explique Andrew Sarnow, qui travaille dans le marketing et dit subir depuis deux mois des retards réguliers de 30 à 40 minutes pour son trajet de Princeton, au New Jersey, à New York. «Je vais beaucoup travailler dans le train.»

Après des années de tergiversations, il n'était plus possible de retarder ces travaux de remplacement de rails et d'aiguillages, qui vont réduire de 20% environ le nombre de trains aux heures de pointe, jusqu'au 1er septembre.

Trois déraillements ont eu lieu depuis le 24 mars dans la gare new-yorkaise, tous sans gravité mais paralysant à chaque fois une bonne partie du trafic de Penn Station, qui voit passer chaque jour 650 000 passagers, soit autant que les trois grands aéroports de la région de New York réunis.

Une partie importante des voies date des années 1970, a rappelé lors de l'annonce du lancement des travaux, Wick Moorman, le PDG d'Amtrak, la compagnie ferroviaire qui possède et gère la gare. Depuis cette époque, le nombre de trains a doublé et celui des passagers a triplé.

Toute la ville est aujourd'hui au bord de la crise de nerfs, crispée par le cauchemar que sont devenus ses transports publics, du train au métro, handicapés par des infrastructures hors d'âge, à bout de souffle.

«Tout le monde est au point de rupture, mais à des degrés différents», a résumé M. Sarnow.

«Si nous restons tous calmes»

Cette gare de Penn Station, les New-Yorkais ne l'ont jamais aimée. Elle a été construite intégralement en sous-sol, tout en exiguïté, en lieu et place de l'ancienne gare magistrale, inspirée de la gare d'Orsay à Paris et sacrifiée sur l'autel de la folie immobilière.

On y circule mal et l'accès aux trains y est difficile, souligne M. Sarnow. Pour ne rien arranger, le tunnel centenaire qui relie Penn Station au New Jersey ne compte que deux voies, une dans chaque sens.

Pourtant, bien que des médias new-yorkais aient annoncé un «chaos», presque tous les voyageurs interrogés lundi par l'AFP considéraient que leur trajet n'avait pas été aussi difficile que prévu.

«Ces derniers temps, ça a été bien plus long qu'aujourd'hui», a expliqué Thomas Fletcher, logisticien, sorti comme une balle du train de banlieue venu de Newark pour se rendre sur son lieu de travail.

«Ca a été vraiment l'horreur (les semaines précédentes) et j'étais inquiet», a-t-il ajouté. «J'aurais simplement bien aimé qu'ils règlent le problème plus tôt.»

C'est le gouverneur de l'État de New York Andrew Cuomo lui-même qui avait prédit aux voyageurs de Penn Station un «été de l'enfer».

Sean Cribbin, qui travaille dans la gestion d'actifs, vit et travaille dans le New Jersey et, de passage à Penn Station, se réjouissait, en riant, de ne vivre que rarement cette «terrible expérience».

«On dirait que c'est partout à New York», observe-t-il. «Les transports publics sont une horreur.»

Le directeur exécutif du New Jersey Transit, le réseau de banlieue dont des dizaines de trains arrivent ou partent chaque jour de Penn Station, pense avoir la solution pour traverser ces deux mois sans drame: «Si nous restons tous calmes, que nous respectons le personnel et ne laissons pas la frustration prendre le dessus, tout le monde arrivera là où il doit aller.»

AP

Des employés d'Amtrak s'affairent à réparer les voies de Penn Station, dimanche.