«Je me bats pour vous»: porté par la victoire d'une candidate républicaine lors d'une élection partielle au Congrès, Donald Trump a galvanisé sa base mercredi soir dans l'Iowa, retrouvant des accents de campagne.

«Nous avons gagné (...) La vérité est que les gens nous aiment», a lancé le président américain devant une foule enthousiaste lors d'un rassemblement à Cedar Rapids, tentant de faire oublier un temps son impopularité record, un maigre bilan législatif et l'affaire russe qui empoisonne son début de mandat.

Ironisant sur ses adversaires démocrates, il a ajouté, évoquant sa victoire surprise du 8 novembre dernier: «Ils essayent toujours de comprendre d'où tous ces électeurs sont venus!»

La républicaine Karen Handel a battu mardi le candidat démocrate Jon Ossoff dans une circonscription de l'État de Géorgie (sud-est) qui était aux mains des républicains depuis 1979.

C'était la quatrième élection partielle à la Chambre des représentants depuis l'entrée en fonctions de Donald Trump. Et à chaque fois, le candidat républicain l'a emporté.

Les démocrates «pensaient qu'ils allaient gagner à Atlanta», la capitale de la Géorgie, «ils ont dépensé près de 30 millions de dollars sur ce gamin», a lâché le président américain, tout sourire.

Martelant son slogan de campagne «l'Amérique d'abord», il l'a décliné en termes simples : «Après avoir dépensé des milliards de dollars pour défendre les frontières des autres, nous allons enfin défendre nos frontières. Après des décennies passées à reconstruire des pays étrangers, nous reconstruisons désormais notre pays».

Reprenant un à un tous les thèmes de sa campagne - les médias sont «malhonnêtes», Obamacare est un «désastre»,  la plus forte baisses d'impôts «dans l'histoire des États-Unis d'Amérique» est à venir -,  il a salué «les progrès extraordinaires déjà accomplis», après cinq mois de présidence.

Un «mur solaire»

Promettant une nouvelle fois de construire un mur à la frontière avec le Mexique, il a évoqué la possibilité de bâtir un «mur solaire» qui générerait de l'énergie et pourrait ainsi être autofinancé. «C'est mon idée!», a-t-il lancé, amusé.

Le 45e président des États-Unis a aussi énuméré les décisions de son prédécesseur Barack Obama (2009-2017) qu'il a détricotées: sortie de l'accord de Paris, remise en cause partielle du rapprochement avec Cuba.

Si les nuages s'accumulent sur l'administration Trump, la victoire de Karen Handel a au moins permis aux républicains de calmer le jeu alors que d'autres échéances politiques cruciales approchent.

Jeudi au Sénat, les chefs républicains dévoileront la nouvelle mouture de leur grande loi de réforme du système de santé, tant promise, mais qui se heurte à de fortes résistances au sein de leur camp.

Et on attendait également que la Cour suprême se prononce sur le décret migratoire signé le 6 mars par Donald Trump, mais suspendu par la justice fédérale. Le gouvernement a demandé un examen en urgence dans l'espoir que la plus haute instance judiciaire du pays l'autorise à fermer temporairement les frontières aux réfugiés et aux ressortissants de six pays majoritairement musulmans.

On ignore si ou quand la Cour acceptera de se saisir de ce dossier.

La défaite démocrate de mardi en Géorgie, ainsi qu'en Caroline du Sud, dans le Kansas et le Montana ces derniers mois, était interprétée comme un verre à moitié plein par l'opposition, car dans chaque scrutin, les démocrates ont fait mieux qu'auparavant.

Mais une partie de la gauche soulignait avec amertume que le parti démocrate avait échoué, car il n'avait pas encore engagé sa refondation stratégique, après la défaite de novembre dernier.

Le positionnement stratégique démocrate n'est pas non plus clarifié. Au Congrès, les élus oscillent entre l'opposition frontale à Donald Trump, la dénonciation de l'affaire russe et un message social et économique.

Plusieurs veulent profiter de la bataille sur la réforme de la santé pour «couler» Donald Trump.

Ils sont persuadés que l'abolition partielle de la loi emblématique «Obamacare», et les pertes de couverture maladie conséquentes, signerait la mort des républicains aux élections législatives de novembre 2018, lors desquelles toute la Chambre et le tiers du Sénat seront renouvelés.

«Nous avons passé trop de temps à parler de la Russie», estimait mercredi le sénateur démocrate du Connecticut (nord-est) Chris Murphy, sur MSNBC. «Cela nous a détournés de la vraie différence qui existe entre Trump et les démocrates, qui porte sur l'économie».