La minorité démocrate du Sénat américain va mettre au pas à partir de lundi l'activité de la chambre haute du Congrès afin de protester contre le secret entourant l'élaboration par la majorité de la nouvelle mouture de la réforme républicaine du système de santé.

Les leaders républicains espèrent adopter avant la fin du mois une loi abolissant des pans de la réforme emblématique de Barack Obama sur la santé, votée en 2010 - une promesse de campagne des conservateurs, mais dont la concrétisation se heurte à de multiples obstacles politiques.

Un texte a été adopté le 4 mai par la Chambre des représentants mais il est inacceptable en l'état par le Sénat car il réduirait fortement le nombre de personnes couvertes par une assurance maladie, ou augmenterait le coût pour les plus vulnérables.

De nombreux sénateurs républicains ont pris position contre, soutenus par des gouverneurs républicains au niveau des États, qui seraient directement affectés par des pertes de subventions fédérales.

Les sénateurs négocient donc en coulisses pour faire naître une version moins «dure», mais le temps passe et le nouveau texte reste un mystère. Les démocrates, et plusieurs républicains, craignent en outre que le chef de la majorité, Mitch McConnell, publie la proposition au dernier moment et tente, grâce à une procédure spéciale, de la faire adopter avec seulement quelques heures de débats.

«Ce serait un problème», a prévenu le républicain Marco Rubio.

Comme le règlement du Sénat le leur permet, les élus de l'opposition lanceront donc lundi soir des manoeuvres dilatoires pour ralentir les travaux sénatoriaux, en objectant à des motions de routine, en demandant des votes de procédure, ou encore en occupant l'hémicycle avec une série de discours toute la soirée et une partie de la nuit, indique-t-on de source démocrate.

«Les républicains rédigent leur loi en secret car ils ont honte», a déclaré Chuck Schumer, le chef de file démocrate. «Si les républicains ne cèdent pas et n'autorisent pas un vrai débat sur leur loi sur la santé, devant les Américains, alors il ne pourront pas compter sur la routine habituelle au Sénat».

L'abolition d'Obamacare est l'arlésienne du début de mandat du président Trump. Les démocrates sont totalement opposés, et les républicains restent divisés entre leurs ailes conservatrice et modérée, rendant difficile le dégagement d'une majorité. Toute loi doit en outre être adoptée dans les même termes par chacune des chambres du Congrès.

Le temps presse: les parlementaires partent en théorie fin juillet en congés d'été, et entendent ensuite s'attaquer à une grande réforme fiscale.