La police de Seattle se trouve au coeur d'une polémique lundi, après avoir abattu une femme noire enceinte armée d'un couteau qui avait appelé pour signaler un cambriolage.

Deux agents sont alors intervenus et «ont été confrontés par une femme de 30 ans armée d'un couteau. Les deux policiers ont alors tiré, touchant la femme», a rapporté la police dans un communiqué publié quelques heures après l'incident.

Lorsque les pompiers sont arrivés peu après, ils ont déclaré la jeune femme décédée, selon la police, qui note que «plusieurs enfants se trouvaient dans l'appartement au moment des tirs, mais n'ont pas été blessés».

D'après des membres de sa famille, cités par la presse locale, elle était mère de trois enfants et enceinte de trois mois, et souffrait de troubles mentaux.

Une enquête a été ouverte pour examiner le recours à la force par les deux agents, placés en congé administratif pour la durée de l'enquête, a précisé la police de Seattle.

La police a diffusé un enregistrement audio de l'incident. On entend les agents demander s'ils peuvent entrer puis quelques instants après crier «Reculez! Reculez!» avant de tirer à plusieurs reprises.

La police avait apparemment déjà eu affaire à la jeune femme, identifiée dans les médias locaux comme Charleena Lyles. Elle avait dépêché deux agents au lieu d'un pour un cambriolage en raison d'informations selon lesquelles elle aurait pu présenter un éventuel «danger».

«Il n'y avait aucune raison de lui tirer dessus devant ses bébés», «ils pouvaient la maîtriser. Même moi j'aurais pu la maîtriser», a crié, en détresse Monika Williams, la soeur de Charleena Lyles, sur la chaîne de télévision locale Kiro7.

«Pourquoi ne pouvaient-ils pas utiliser un Taser contre elle?», a-t-elle demandé. La police a précisé que les deux agents étaient équipés d'armes non létales lors de l'intervention.

Des dizaines de personnes ont assisté dimanche à une veillée en mémoire de la jeune femme.

Le maire de Seattle Ed Murray a qualifié l'incident de «tragédie» et promis une «enquête complète», soulignant que les policiers de la ville étaient entraînés «aux techniques d'apaisement (...) pour faire face à de telles crises».

Le département américain de la Justice avait estimé en 2011 que la police de Seattle avait fait à plusieurs reprises un usage excessif de la force et avait nommé un rapporteur spécial pour surveiller la mise en place de réformes.