Le père d'Otto Warmbier, l'étudiant américain, rapatrié aux États-Unis dans le coma après sa détention en Corée du Nord s'est indigné jeudi du traitement infligé par Pyongyang à son fils qui souffre de graves lésions neurologiques.

«Je suis tellement fier d'Otto, mon fils, qui s'est retrouvé chez un régime paria ces 18 derniers mois, maltraité et terrorisé», a déclaré Fred Warmbier, ému, lors d'une conférence de presse dans leur ville de Cincinnati.

Les causes du coma d'Otto Warmbier, 22 ans, restent inconnues, a plus tard indiqué le neurologue Daniel Kanter de l'hôpital UC Health University où il est soigné, précisant toutefois que ce type de lésions résultait d'ordinaire d'un arrêt cardio-respiratoire.

L'équipe médicale a d'autre part démonté l'explication fournie par le régime nord-coréen en indiquant n'avoir pas avoir relevé de trace de botulisme dans l'organisme du jeune homme, qui a sombré dans le coma peu après son arrestation et son procès en mars 2016.

Le docteur Kanter a également précisé que les examens approfondis du squelette de l'étudiant ne montraient aucun signe «de fracture actuelle ou résorbée».

Le jeune homme avait été arrêté en janvier 2016 alors qu'il se trouvait en Corée du Nord dans le cadre d'un voyage organisé pour le Nouvel An. Il avait été condamné à 15 ans de travaux forcés par la Cour suprême nord-coréenne après avoir avoué le vol d'une affiche ornée d'un slogan politique dans un hôtel de Pyongyang où il était hébergé.

Son procès avait duré moins d'une heure.

Présenté à la presse étrangère quelques semaines après son arrestation, Otto Warmbier avait déclaré, en pleurs, avoir fait «la pire erreur de (sa) vie».

«Pyongyang appâte les Américains»

Parlant d'un ton calme mais combattant parfois les sanglots, son père a tenu jeudi matin à porter la veste qu'Otto avait il y a plus d'un an, lors d'une confession spectaculaire et médiatisée par Pyongyang. Sa mère, Cindy, n'a pas quitté son fils depuis son arrivée dans cette ville du nord des États-Unis.

«Il n'y a aucune excuse à la façon dont les Nord-Coréens ont traité notre fils et aucune excuse à la façon dont ils en ont traité tant d'autres. Je leur demande de relâcher les autres américains détenus», a dénoncé Fred Warmbier. «Otto a été considéré comme un criminel de guerre», a-t-il martelé.

Pyongyang a de son côté affirmé jeudi - à travers l'agence officielle nord-coréenne KCNA - que le jeune homme avait été libéré pour des raisons «humanitaires» mardi.

D'après CNN, le représentant spécial du département d'État pour la Corée du Nord, Joseph Yun, avait appris début juin que son état de santé s'était dégradé. Le New York Times a de son côté indiqué que les autorités américaines avaient reçu des renseignements selon lesquels M. Warmbier avait été plusieurs fois battu en détention.

«Raisons inconnues»

«Il a été pris en otage à l'aéroport lorsqu'il tentait de quitter le pays», a encore accusé son père, qui a également défendu l'innocence de ce séjour en Corée du Nord, affirmant que Pyongyang «appâte les Américains à travers des voyages organisés pour qu'ils viennent en Corée du Nord».

Indiquant que Donald Trump l'avait appelé personnellement mercredi soir, Fred Warmbier a tenu à saluer la médiation de son administration pour permettre le rapatriement, laissant entendre que les efforts de son prédécesseur, Barack Obama, n'avait pas été aussi soutenus.

Les relations entre les États-Unis et la Corée du Nord, qui tente de développer un missile capable de frapper le territoire américain, se sont encore tendues depuis l'entrée en fonction du président républicain.

Coïncidence remarquée: déjà connu pour ses relations controversées avec le régime nord-coréen, l'ex-basketteur américain Dennis Rodman est arrivé à Pyongyang le jour même de la libération de l'étudiant. Mais les autorités américaines ont rejeté tout lien et Fred Warmbier a dénoncé une stratégie de «distraction».

«Quelle est la véritable raison derrière la libération d'Otto?», s'est-il interrogé. «J'ignore si nous le saurons un jour. Ils ne l'ont pas fait par gentillesse, la Corée du Nord ne fait rien par gentillesse».