Choisi par Donald Trump pour diriger la police fédérale américaine, Christopher Wray est un juriste brillant relativement peu connu, qui a travaillé dans le gouvernement de George W. Bush, sans en ressortir avec une étiquette politique trop marquée.

S'il est confirmé par le Sénat, M. Wray entamera un mandat de 10 ans comme chef du FBI, succédant à James Comey, brutalement limogé en mai par le président américain.

Son premier défi sera de rassurer, d'abord les plus de 30 000 employés du prestigieux bureau centenaire, jaloux de leur indépendance, ensuite l'opinion publique américaine, qui redoute que l'institution tombe sous la coupe de la Maison-Blanche.

Christopher Wray est «un homme au parcours impeccable», a tweeté mercredi Donald Trump pour annoncer la nomination surprise: l'heureux élu n'était pas sur la liste initiale des candidats envisagés pour le poste, où figuraient en revanche des poids lourds républicains conservateurs.

De ce point de vue, M. Wray peut être considéré comme un choix apparemment peu controversé, évitant d'immédiates critiques de «politisation» du FBI, d'autant plus qu'il a passé ces dernières années dans un cabinet d'avocats.

Cet ancien procureur fédéral, né en 1967 à New York, est d'ailleurs issu d'une famille comptant de nombreux juristes. Il est sorti diplômé de la faculté de droit de Yale en 1992, où il a aussi été rédacteur en chef du Yale Law Journal, une fonction réservée à l'élite des étudiants.

Avocat des puissants

Christopher Wray est proche du gouverneur du New Jersey, Chris Christie, un républicain qui se serait bien vu occuper une position clé dans le gouvernement Trump s'il n'avait été mêlé à un scandale d'embouteillage monstre provoqué pour punir un maire adversaire politique.

C'est d'ailleurs Christopher Wray qui a défendu M. Christie dans le cadre de cette affaire baptisée Bridgegate.

King and Spalding, le cabinet international d'avocats où M. Wray est associé, représente selon son site internet des centaines de clients, dont des sociétés à forte capitalisation boursière. Parmi lesquelles certaines sont en affaire avec des groupes russes, notamment le géant pétrolier Rosneft.

Avant de travailler dans le privé, Christopher Wray a été responsable de 2003 à 2005 de la division pénale du ministère américain de la Justice, l'une des plus importantes branches supervisant notamment le FBI.

Il s'est alors spécialisé dans la délinquance en col blanc, notamment des dossiers de fraudes financières d'entreprises. On lui confia la supervision des investigations sur le géant de l'énergie Enron, qui fit faillite après de graves manipulations comptables.

Wray et Comey se connaissent bien

Durant cette époque, M. Wray a travaillé directement sous les ordres de James Comey. Il aurait même soutenu son patron lors d'un épisode tendu en 2004, durant lequel le ministre de la Justice de l'époque, John Ashcroft, était hospitalisé.

Le président Bush avait tenté de profiter de la faiblesse de M. Ashcroft pour lui faire parapher une mesure controversée autorisant des écoutes téléphoniques sans mandat judiciaire. Opposé à cette mesure, M. Comey, qui officiait comme Attorney general par intérim, avait mis sa démission dans la balance. M. Wray lui aurait alors assuré sa loyauté.

Le futur chef du FBI avait en fait rejoint les services de la justice dès mai 2001, quelques mois avant les attentats du 11-Septembre. Dans les sillages de ces attaques, il a été amené à défendre les mesures exceptionnelles et souvent controversées qui ont été prises, comme la détention prolongée d'étrangers considérés comme suspects potentiels.

«Wray représente probablement le meilleur choix sur la liste resserrée de la Maison-Blanche. Son bilan au ministère sous Bush doit être passé en revue, mais c'est un choix sérieux et respectable», a estimé Matthew Miller, un collaborateur de l'ancien ministre de la Justice