Les électeurs votent jeudi dans le Montana pour élire un représentant au Congrès, un scrutin qui testera la fidélité des républicains à Donald Trump, mais où le candidat du Grand Old Party est poursuivi pour avoir agressé un journaliste.

Dans cet État rural du nord-ouest, Greg Gianforte, homme d'affaires prospère à qui l'on promettait jusqu'à récemment une victoire facile, a vu son concurrent démocrate Rob Quist se rapprocher dangereusement de lui dans les derniers sondages.

Et la tension est encore montée d'un cran après l'incident de mercredi soir. M. Gianforte risque six mois de prison et 500 dollars d'amende s'il est reconnu coupable de l'agression dont l'accuse un reporter du journal britannique The Guardian.

La police locale a été appelée mercredi à une réunion de campagne à Bozeman, et le reporter Ben Jacobs a dû passer des radios à l'hôpital.

L'incident a eu lieu après que le reporter a posé une question sur le système de santé: «Greg Gianforte m'a jeté au sol et a cassé mes lunettes», a rapporté M. Jacobs sur Twitter mercredi soir.

Ce dernier a aussi diffusé un enregistrement audio de l'incident où l'on entend un grand bruit et dans lequel on semble entendre M. Gianforte dire: «La dernière fois que vous êtes venus ici vous avez fait la même chose, foutez le camp!»

L'équipe du républicain a expliqué pour sa part que le journaliste «Ben Jacobs du Guardian est entré dans le bureau sans permission, a brandi un enregistreur au visage de Greg de manière agressive et a commencé à le harceler de questions». 

Répercussions à Washington 

D'autres personnes présentes ont corroboré la version du journaliste, dont une équipe de Fox News, chaîne favorite des conservateurs.

Cette élection, destinée à remplacer un élu entré au gouvernement, est une sorte de test grandeur nature de la popularité de Donald Trump dans un bastion républicain qui l'a propulsé à la Maison-Blanche: le magnat de l'immobilier a remporté le Montana avec 20 points d'avance sur Hillary Clinton.

Parmi les principaux sujets qui intéressent les électeurs de cet État terre de cow-boys, l'assurance santé n'est pas le moindre. Le candidat démocrate est fermement opposé au projet de loi républicain, récemment approuvé de justesse par la Chambre des représentants et censé remplacer la précédente loi Obamacare.

Le Sénat doit encore voter sur le texte, qui devrait être profondément remanié avant de revenir à la Chambre, où chaque voix comptera.

L'incident de mercredi soir a en tout cas eu des répercussions jusqu'à Washington, où le chef de file des républicains à la Chambre des représentants, Paul Ryan, a estimé que M. Gianforte «devrait s'excuser».

«Ce n'est pas bien et ça n'aurait pas dû arriver», a-t-il dit.

Interrogé pour savoir si M. Gianforte serait bien accueilli au Congrès, Paul Ryan a éludé: «Je vais laisser les gens du Montana décider qui ils veulent pour les représenter, ce n'est pas à nous de choisir».

Selon Jeremy Johnson, professeur associé de sciences politiques au Carroll College, dans la capitale de l'État Helena, l'incident de mercredi pourrait influencer des électeurs indécis et les pousser à voter pour le candidat démocrate.

«Mais en même temps ça pourrait pousser les partisans de M. Gianforte, qui voient d'un mauvais oeil l'influence des médias», conclut-il.

Une autre élection du même type prévue en Géorgie le 20 juin s'annonce également très serrée.

REUTERS

Paul Ryan