Donald Trump poursuivait lundi sa recherche d'un nouveau directeur du FBI après le limogeage la semaine dernière de James Comey, alors que le mystère demeure sur l'existence ou non d'enregistrements de conversations entre le milliardaire et l'ex-grand policier.

« On avance vite », a lâché le président américain dans le Bureau ovale, où il recevait le prince héritier d'Abou Dhabi, cheikh Mohammed ben Zayed Al-Nahyane.

Plusieurs noms circulaient dans la presse pour prendre la tête de la police fédérale : pas moins de 14 personnes sont en lice, selon Politico.

« Presque tous sont très connus », avait confié le dirigeant américain ce week-end à des journalistes. « Très connus, très respectés, très talentueux ».

Il avait jugé « possible » que la nomination intervienne avant son départ vendredi pour une tournée internationale qui commencera par l'Arabie saoudite et l'emmènera ensuite en Israël, au Vatican, à Bruxelles (sommet de l'OTAN) et en Sicile (G7).

Parmi les candidats possibles figurent des hommes et femmes avec une expérience policière ou de sécurité nationale, ainsi que des profils plus politiques.

On compte notamment l'actuel directeur par intérim Andrew McCabe, le numéro deux des sénateurs républicains John Cornyn, le juge new-yorkais Michael Garcia, l'ancienne responsable de la Justice Alice Fisher, l'ancienne conseillère de George W. Bush Fran Townsend, l'ancien élu républicain et agent du FBI Mike Rogers, ou encore Trey Gowdy, ancien président de la commission d'enquête sur les attaques de Benghazi.

Une fois nommé, le nouveau directeur sera entendu lors d'une audition devant une commission du Sénat. Puis le Sénat entier, à majorité républicaine, devra le confirmer à son poste par un vote. La procédure prendra des semaines.

Des ténors démocrates veulent conditionner ce vote à la nomination par le ministère de la Justice d'un procureur spécial pour prendre en main l'enquête en cours du FBI sur les ingérences russes durant la campagne et sur une éventuelle coordination entre des membres de l'équipe de campagne de Donald Trump et la Russie.

En réalité, l'opposition démocrate, face à une majorité républicaine soudée, ne pourrait pas faire échouer le vote de confirmation, mais elle a le pouvoir de le retarder par des manoeuvres dilatoires, ce qui serait exceptionnel pour un chef du FBI, normalement une nomination plutôt consensuelle.

« Rien à ajouter »

Aucun ténor républicain ne soutient à ce jour l'idée d'un procureur indépendant, mais cela ne signifie pas que tous sont à l'aise avec le comportement actuel de Donald Trump.

Des républicains reprochent à M. Trump d'avoir laissé entendre qu'il avait limogé James Comey en raison de l'enquête sur la Russie, le milliardaire étant exaspéré de voir son nom constamment cité alors qu'il n'est pas, selon lui et plusieurs élus, personnellement ciblé par l'enquête.

Plus grave à leurs yeux, le président a insinué dans un tweet qu'il aurait des « enregistrements » de conversations avec James Comey, plongeant le Tout-Washington dans la spéculation sur les habitudes de M. Trump.

Dans le Washington Post, d'anciens employés et des journalistes ont raconté qu'ils soupçonnaient depuis longtemps l'homme d'affaires d'enregistrer ses coups de fil.

M. Trump a confirmé qu'il avait, depuis son entrée en fonctions, dîné avec M. Comey une fois et eu deux conversations téléphoniques avec lui.

La rumeur d'enregistrements agite le Congrès, où les démocrates et plusieurs républicains ont appelé la Maison-Blanche à conserver et produire tout fichier sonore ou autre, comme la loi l'y oblige, afin de déterminer si M. Trump a exercé une quelconque pression sur l'ex-patron du FBI.

La semaine dernière, le porte-parole de la Maison-Blanche, Sean Spicer, avait épaissi le mystère en refusant de confirmer ou de démentir l'existence d'enregistrements.

À nouveau interrogé à plusieurs reprises lundi lors de son point presse quotidien, il a répété au mot près la même réponse : « j'ai été très clair la semaine dernière que le président n'avait rien à ajouter à ce sujet ».

Les circonstances du limogeage de M. Comey seront abordées lors de la venue du numéro deux de la Justice, Rod Rosenstein, devant tous les sénateurs jeudi à 14 h 30 locales, à huis clos. C'est M. Rosenstein qui avait rédigé à l'attention de M. Trump une lettre résumant les manquements reprochés à l'ex-directeur du FBI.