Alors que l'afflux de migrants vers le Canada se poursuit, les résidants des villes près de la frontière canado-américaine s'organisent et forment un groupe d'entraide pour soutenir ces voyageurs qui cherchent à connaître de meilleurs jours dans un nouveau pays.

Janet McFetridge, une habitante de Champlain, dans l'État de New York, a relaté qu'elle avait commencé à voir des taxis près de sa maison en novembre, à peu près au moment de la victoire de Donald Trump à la présidence des États-Unis.

Cela a retenu son attention puisque les taxis sont très rares près de chez elle.

La plupart des taxis se dirigeaient vers le chemin Roxham, une route populaire pour les migrants qui souhaitent franchir illégalement la frontière du Canada afin de demander le statut de réfugié.

Mme McFetridge dit qu'elle et d'autres dans la région ont voulu savoir comment ils pouvaient aider ces gens.

Les résidants se sont d'abord inquiétés quant aux vêtements d'hiver de ces migrants, mais ils se sont aussi préoccupés de leur sort à long terme, notamment s'ils sont renvoyés aux États-Unis après leur tentative.

La région de Plattsburgh cherche donc à trouver un système pour héberger ces gens et les protéger, a indiqué Mme McFetridge.

Le groupe, qui s'appelle Plattsburgh Cares («Plattsburgh s'en soucie»), souhaiterait fournir de la nourriture, un abri, du transport ou des conseils juridiques à ces migrants qui sont en chemin vers le Canada ou qui ont été refoulés à la frontière.

Mme McFetridge s'inquiète du fait que certaines personnes restent prises dans ce secteur en attendant de faire le chemin vers le Canada ou parce qu'ils ont été refusés aux frontières du Canada en vertu de l'entente des tiers pays sûrs, qui oblige les migrants à demander le statut de réfugié au premier des deux pays où ils arrivent.

Puisqu'elle est la dernière municipalité entre la ville de New York et la frontière canadienne, Plattsburgh a vu plusieurs migrants passer, selon son maire, Colin Read.

«Au début, nous croyions que c'était seulement une anomalie passagère, un événement après le mois de novembre, mais cela n'a pas ralenti», a-t-il dit en entrevue.

M. Read, qui conseille le groupe Plattsburgh Cares, affirme que sa ville veut s'assurer que les migrants ne soient pas exploités. La police est donc sensibilisée au profilage et au problème des chauffeurs de taxi qui arnaquent les migrants - ce qui peut être plus compliqué parce que ces derniers agissent à l'extérieur de la ville.

En route pour la frontière

Dans une station d'essence située à l'extérieur de la ville, plusieurs chauffeurs de taxi attendaient en file l'arrivée d'un autobus provenant de New York.

L'un des chauffeurs, qui a refusé de donner son nom, a affirmé qu'il transportait régulièrement des passagers vers la frontière.

Son entreprise facture 100 $ pour le voyage, mais selon lui, d'autres taxis facturent le double de cette somme.

M. Read, qui dit avoir entendu parler de chauffeurs qui ont demandé 300 $ pour la course, a indiqué que des groupes comme Plattsburgh Cares pouvaient aider les migrants en leur offrant de la nourriture, quelques jours d'hébergement, et certains conseils à des familles qui sont divisées ou qui envisageraient de se rendre à la frontière.

«Nous tentons de déterminer comment développer un réseau pour s'assurer que peu importe ce qu'ils font, ils le font en toute connaissance de cause», a-t-il expliqué.

La municipalité consulte le bureau du procureur général pour s'assurer que tout soit fait légalement. Le groupe ne sert pas à aider les gens à se soustraire aux lois sur l'immigration, a plaidé M. Read.

«Je ne crois pas que ce soit un enjeu de lois migratoires, il s'agit de s'assurer que les gens ne soient pas exploités», a-t-il soutenu, ajoutant que la plupart des gens qui avaient passé dans sa ville détenaient un visa des États-Unis.

Du côté canadien, un groupe de citoyens d'Hemmingford, en Montérégie, a aussi récemment organisé un événement pour examiner comment ils pouvaient aider ces migrants.

Les membres du groupe ont notamment écrit au premier ministre du Canada pour lui demander de suspendre l'entente des tiers pays sûrs avec les États-Unis pour que les migrants puissent se rendre à la frontière légalement sans avoir à craindre de se faire refouler.

Photo Ryan Remiorz, La Presse canadienne

Janet McFetridge