Le président américain Donald Trump a prévu jeudi une rencontre «très difficile» avec son homologue chinois Xi Jinping qu'il doit recevoir la semaine prochaine dans sa luxueuse résidence de Floride.

«La rencontre la semaine prochaine avec la Chine sera très difficile», a-t-il écrit sur Twitter. «Nous ne pouvons plus avoir d'énormes déficits commerciaux (...) et des pertes d'emplois. Les entreprises américaines doivent être prêtes à chercher d'autres alternatives», a ajouté Donald Trump en reprenant un de ses grands thèmes de campagne.

Ce sera la première rencontre entre les deux dirigeants, sur fond de crise nucléaire avec la Corée du Nord.

Un tel sommet semblait improbable il y a encore quelques mois, après une campagne électorale durant laquelle le candidat républicain avait accusé la Chine de «voler» des millions d'emplois aux États-Unis. Donald Trump a régulièrement menacé d'imposer des droits de douane punitifs aux importations chinoises.

M. Xi sera reçu par le milliardaire dans sa résidence de Mar-a-Lago, les 6 et 7 avril, a annoncé jeudi le ministère chinois des Affaires étrangères. La Maison-Blanche a confirmé la rencontre en précisant que M. Trump et son épouse organiseraient aussi un dîner en l'honneur du couple présidentiel chinois le jeudi 6 avril au soir.

À peine élu, M. Trump avait provoqué l'ire de Pékin en laissant entendre qu'il pourrait revenir sur une position diplomatique datant de 1979: le «principe de la Chine unique», par lequel le régime communiste interdit tout contact officiel entre Taïwan et des pays étrangers.

Donald Trump avait été jusqu'à accepter un appel téléphonique de la présidente taïwanaise, Tsai Ing-wen, avant de menacer la Chine d'une guerre commerciale.

Lors d'un entretien par téléphone, mi-février, avec Xi Jinping, le président américain avait cependant joué l'apaisement et assuré qu'il respecterait le principe de la Chine unique, ouvrant la perspective d'une rencontre.

Mais l'avertissement de Donald Trump jeudi sur Twitter et l'impatience grandissante de Washington face aux positions de Pékin sur la Corée du Nord peuvent laisser augurer d'un tête-à-tête tendu.

Pékin a déjà annoncé la fin de ses importations de charbon nord-coréen, conformément aux sanctions de l'ONU visant à convaincre ce pays de renoncer à ses programmes nucléaire et balistique. Mais la Chine est vent debout contre le bouclier antimissile Thaad que les États-Unis ont commencé à déployer en Corée du Sud, y voyant une atteinte à sa force de dissuasion.

L'ambassadrice américaine aux Nations unies, Nikki Haley, a affirmé jeudi que la Chine pouvait et devait faire plus pour forcer la Corée du Nord à renoncer à ces programmes nucléaire et balistique, et martelé que Washington ne se contenterait pas d'un nouveau débat à l'ONU.

«Je n'ai pas la patience pour ça et ça n'aide personne. Il ne s'agit pas de moi. Cette administration (Trump, NDLR) n'a pas la patience pour ça», a-t-elle déclaré.

Pékin espère «une rencontre réussie» avec Trump

La Chine a pour sa part dit vendredi espérer «une rencontre réussie» la semaine prochaine entre les présidents chinois et américain.

«La Chine comme les États-Unis attachent une grande importance à la prochaine rencontre présidentielle», a déclaré devant la presse le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Zheng Zeguang, au lendemain de l'annonce de la visite du président Xi Jinping jeudi et vendredi prochains à Mar-a-Lago, la luxueuse résidence de Donald Trump en Floride.

«Les deux parties espèrent que la rencontre soit une réussite, afin de donner le bon cap au développement des relations bilatérales», a-t-il déclaré, en réponse à une question sur le dernier tweet du président américain, qui a dit jeudi prévoir une rencontre «très difficile» avec son homologue chinois.

«Les deux présidents auront un échange de vues approfondi sur les relations bilatérales dans la nouvelle ère et sur les questions d'intérêt commun», s'est borné à déclarer le vice-ministre, sans entrer dans le détail des discussions.

Alors que Donald Trump a évoqué dans son tweet le déficit commercial des États-Unis avec la Chine, M. Zheng a assuré que son pays ne cherchait pas à dégager un excédent avec les États-Unis.

«Il n'est pas dans notre intention de stimuler nos exportations par des dévaluations compétitives», a-t-il déclaré, comme en réponse aux accusations de Donald Trump qui a par le passé souvent accusé la Chine de laisser filer sa monnaie.

Le vice-ministre a fait valoir qu'en soutenant sa demande intérieure, la Chine allait permettre une hausse des importations américaines. Il a aussi invité Washington à assouplir ses contrôles à l'exportation des produits de haute technologie en direction de la Chine.

M. Zheng a souligné que les investissements chinois avaient considérablement augmenté ces dernières années aux États-Unis, ce qui a permis de «créer des emplois pour les gens et aussi de réduire le déséquilibre commercial».

Durant sa campagne électorale, M. Trump a accusé la Chine d'avoir «volé» des millions d'emplois aux États-Unis. Il a également menacé d'imposer des droits de douane punitifs aux importations chinoises.