Les procureurs américains n'auront pas à divulguer certaines informations qu'ils détiennent sur le célèbre narcotrafiquant mexicain Joaquin «El Chapo» Guzman, et tout étranger qui voudrait rejoindre son équipe d'avocats sera trié sur le volet, aux termes d'une décision du juge responsable du dossier ultra-sensible.

Selon cette décision enregistrée mardi par le juge fédéral new-yorkais Brian Cogan, le gouvernement américain a obtenu qu'une partie des preuves qu'il a réunies contre le chef du puissant cartel de Sinaloa échappe au domaine public: à savoir les preuves qui mettraient en évidence des «techniques policières sensibles», dont la diffusion «entamerait substantiellement la possibilité pour le gouvernement d'utiliser ces techniques à l'avenir».

Le juge a également accepté que tout étranger qui voudrait devenir conseil d'El Chapo, actuellement représenté par deux avocats commis d'office, soit soumis à l'approbation préalable du gouvernement. Ceci en raison des «antécédents supposés» d'El Chapo, qui s'est déjà échappé à deux reprises de prisons mexicaines et est soupçonné d'avoir «utilisé des individus, y compris des professionnels» tels des avocats ou des enquêteurs, pour poursuivre ses activités criminelles.

Pour éviter que le gouvernement ne profite de ce processus d'approbation pour se doter d'un «espion au sein de la défense», il sera confié à un «avocat pare-feu» qui ne devra avoir aucun contact avec les procureurs.

Ces mesures symbolisent la complexité du dossier El Chapo, accusé d'avoir dirigé pendant 25 ans l'un des plus puissants cartels de drogue qu'ait jamais connu le continent américain.

Le 20 janvier, au lendemain de son extradition du Mexique vers les États-Unis, il a été inculpé de 17 chefs d'accusation pour avoir dirigé le cartel de Sinaloa. Il risque, en cas de condamnation, la prison à vie, et a plaidé non coupable.

Pour éviter toute évasion, le Mexicain, 59 ans, est détenu dans le quartier de haute sécurité de la prison fédérale de Manhattan, dans des conditions d'isolement très strictes. Au point que ses avocats ont affirmé mi-mars que «sa santé physique et mentale» en pâtissait, et demandé qu'il puisse parler au moins à sa femme, Emma Coronel, une ex-reine de beauté de 27 ans avec laquelle il a eu deux filles jumelles.