Le premier ministre irlandais Enda Kenny a lancé une pique jeudi soir au président américain Donald Trump à la Maison-Blanche, à la veille de la Saint-Patrick, quand il a rappelé que cette fête faisait honneur à un immigré.

S'adressant à une foule de personnes vêtues de vert en hommage à la tradition irlandaise, M. Kenny a fait une référence appuyée, devant le dirigeant républicain, aux controverses suscitées par ses politiques d'immigration restrictives.

«Il est fort à propos de se réunir ici chaque année pour célébrer la Saint-Patrick et son héritage. Lui aussi était un immigré», a lancé Enda Kenny.

Selon la tradition, la Saint-Patrick serait né en Grande-Bretagne.

«Et bien qu'il soit le saint patron de l'Irlande pour beaucoup de gens à travers le monde, il est également un symbole, le patron des immigrés», a affirmé le premier ministre irlandais.

Près de 35 millions d'Américains revendiquent une ascendance irlandaise. Ces derniers s'assurent que les présidents successifs s'habillent d'une cravate verte et saluent le premier ministre irlandais depuis la Maison-Blanche le jour de la St Patrick.

Donald Trump n'a pas tari d'éloges sur l'Irlande, qu'il a qualifiée de «grand pays». «Je sais beaucoup de choses sur les Irlandais: ils se battent. Ils sont solides», a-t-il plaisanté.

Cette année, la Saint-Patrick tombait le jour où devait entrer en vigueur la seconde version du décret migratoire de l'administration Trump, destiné à interdire temporairement l'entrée aux États-Unis des réfugiés et des ressortissants de six pays à majorité musulmane.

Le décret a été bloqué mercredi par un juge fédéral d'Hawaï, mais Donald Trump a promis de porter l'affaire jusqu'à la Cour suprême.

Enda Kenny, qui a fait l'objet d'une controverse en Irlande sur sa rencontre avec le président américain, en a profité pour critiquer les mesures migratoires de Donald Trump.

«Les Irlandais ont contribué à la vie économique, sociale, politique et culturelle de ce grand pays au cours des 200 dernières années», a déclaré M. Kenny.

Les Irlandais «sont venus en Amérique parce que privés de liberté, de possibilités, de sécurité et même de nourriture, ils ont cru (...) à la protection, à la compassion et à l'opportunité de l'Amérique».

«Nous sommes venus et nous sommes devenus américains», a-t-il ajouté.