Le secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross, a laissé entendre que dans l'éventuelle renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), il se pencherait d'abord sur la fabrication locale de pièces automobiles.

En entrevue avec le réseau CNBC, vendredi, M. Ross a dit vouloir rapidement revisiter l'ALENA afin de relancer l'industrie manufacturière américaine.

Plusieurs analystes estiment qu'il focalisera les pourparlers sur le calcul du taux de pièces automobiles importées.

M. Ross juge que les règles d'origine actuellement en vigueur sont «beaucoup trop indulgentes».

Il n'a pas précisé s'il souhaitait resserrer ce règlement sur le plan du commerce intercontinental ou nord-américain - ce qui affecterait les importations en provenance du Canada.

Lui-même un investisseur milliardaire, Wilbur Ross a vanté les mérites de l'Accord de partenariat transpacifique (PTP), auquel les États-Unis ont tourné le dos relativement aux exigences qu'il fixait en matière de contenu local.

Il y avait du bon dans le PTP, notamment sur le resserrement des règles d'origine, a soutenu M. Ross. Si le PTP augmentait le pourcentage de pièces automobiles provenant de l'Asie, il avait aussi promis aux producteurs une formule plus stricte pour calculer le contenu local.

Les producteurs automobiles nord-américains rageaient contre la diminution de 17,5% du pourcentage de contenu local. Mais en même temps, l'entente contenait plusieurs pages de nouvelles définitions sur ce que constituait du contenu local.

Flavio Volpe, de l'Association des fabricants de pièces automobiles, croit que M. Ross tentera d'augmenter le pourcentage minimal de contenu nord-américain, en plus d'en circonscrire la définition.

Il pourrait notamment réclamer une règle d'origine sous-régionale, qui établirait un certain seuil d'éléments conçus aux États-Unis afin d'échapper aux tarifs douaniers.

Eric Miller, qui avait travaillé sur le plan de sauvetage de l'industrie automobile en 2009, estime qu'il y a lieu de s'inquiéter.

«Ça fait pas mal peur, a-t-il lancé. Parce que dans la pratique, ça va faire grimper les prix.»

Au Canada, il y aura des gagnants comme des perdants, prédit-il, alors que les plus petites entreprises s'en sortiront mieux que celles qui ont recours à des pièces importées. Ces pièces proviennent souvent d'Asie puisqu'elles ne sont produites nulle part ailleurs, maintient M. Miller, qui est aujourd'hui conseiller en matière de commerce.

«Ce n'est pas parce que les entreprises cherchent à "se jouer du système"», a-t-il souligné.

«Mais ce que ça fera, j'imagine, du point de vue de ceux qui en seraient partisans, c'est de forcer les règles d'origine à adhérer de manière plus stricte à ce qu'elles prétendent être: c'est-à-dire que le contenu à 62,5% nord-américain serait vraiment du contenu à 62,5% nord-américain, de haut en bas de la chaîne d'approvisionnement, peu importe comment on le mesure», a-t-il exposé.

Wilbur Ross aurait informé des élus démocrates qu'à compter du 15 mars, il pourrait donner le préavis de 90 jours avant d'entamer les négociations, a rapporté le site de nouvelles «Inside U.S. Trade» plus tôt cette semaine.

Or, certains avancent qu'il lui faudra un certain temps.

Le bureau gouvernemental responsable de telles négociations est aux prises avec un manque d'effectif, tandis que son membre du cabinet et ses attachés n'ont toujours pas été confirmés.

Photo Saul Loeb, AFP

Wilbur Ross, Jr.