Le procureur général des États-Unis Jeff Sessions, un des grands alliés de Donald Trump, a menti sur ses contacts avec la Russie pendant son audience de confirmation devant le Sénat américain en janvier, a révélé mercredi soir The Washington Post. Ce nouveau coup de tonnerre pour l'administration Trump pourrait relancer les appels pour mettre sur pied une commission d'enquête spéciale sur le rôle de la Russie dans l'élection présidentielle.

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Alors qu'il était sénateur de l'Alabama et un des principaux conseillers du candidat Trump en politique étrangère, Jeff Sessions a parlé à deux reprises avec l'ambassadeur russe aux États-Unis Sergeï Kislyak l'an dernier, a confirmé le département de la Justice américaine. Les deux hommes ont discuté en privé en juillet et en septembre, dans le bureau de l'élu.

Or, pendant son audience devant la commission judiciaire du Sénat, le 10 janvier dernier, Jeff Sessions a déclaré n'avoir eu «aucune communication avec les Russes» pendant la campagne. Il a ajouté n'être «au courant d'aucune activité» au sujet de contacts entre le gouvernement russe et des membres de la campagne de Trump. Jeff Sessions avait même répondu par un simple «non» à un sénateur démocrate qui lui avait demandé par écrit s'il avait déjà été «en contact avec quiconque lié au gouvernement russe» pendant, avant ou après l'élection.

Plusieurs élus démocrates ont appelé Jeff Sessions à démissionner de son poste. La leader de la minorité démocrate à la Chambre des représentants Nancy Pelosi accuse le procureur général d'avoir «menti sous serment» pendant son audience de confirmation. Même son de cloche pour le représentant démocrate Adam Schiff, membre de la commission de renseignement de la Chambre. «Il est essentiel que [Sessions] se récuse de l'enquête sur les liens entre la campagne de Trump et les Russes», a-t-il déclaré.

Le procureur général des États-Unis - l'équivalent du ministre fédéral de la Justice - est à la tête du département de la Justice et du FBI. Son poste pourrait toutefois être menacé, puisque l'agence de renseignement mène en ce moment une enquête sur l'ingérence de la Russie dans l'élection américaine et les liens entretenus entre des proches de Trump et Moscou.

Le département de la Justice maintient que Jeff Sessions n'a pas menti devant le Sénat. «Il n'y avait absolument rien de trompeur dans cette réponse», a dit la porte-parole de Sessions, Sarah Isgur Flores, au Washington Post. Selon celle-ci, les conversations de Jeff Sessions avec le diplomate russe portaient sur son travail au sein de la commission des forces armées du Sénat, et non sur la campagne de Trump. Or, 20 des 26 sénateurs de cette commission ont indiqué au Washington Post ne pas avoir rencontré l'ambassadeur Kislyak l'an dernier. Les six autres élus n'ont pas réagi.

L'ambassadeur Kislyak avait fait les manchettes il y a quelques semaines aux États-Unis pour avoir discuté au téléphone avec le conseiller en sécurité nationale du président Trump, Michael Flynn, avant l'investiture de Donald Trump. Michael Flynn avait abordé la question des sanctions contre Moscou avec le diplomate et avait menti au vice-président Mike Pence à ce sujet. Il a finalement perdu son poste dans le tumulte le mois dernier quand les médias ont révélé cette histoire.

Documents reliés à la Russie

La puissante commission du renseignement du Sénat américain prend les grands moyens pour éviter le sabotage de son enquête sur l'interférence de la Russie dans l'élection présidentielle. Les conseillers du président Trump ont reçu l'ordre mardi des avocats de la Maison-Blanche de conserver les documents qui pourraient être reliées à cette affaire explosive, a rapporté mercredi soir Associated Press, citant trois sources anonymes de l'administration Trump.

La commission du renseignement du Sénat avait fait une telle demande la semaine dernière à une douzaine d'agences et d'organisations gouvernementales au terme d'une rencontre privée avec le directeur du FBI James Comey. Celles-ci étaient tenues de conserver tout document portant sur les liens entre le gouvernement russe et des membres de l'administration Trump, de l'équipe de transition du président, de son équipe de campagne ou d'autres proches.

Selon les sources de l'agence de presse AP, le conseiller juridique du président Don McGahn a demandé mardi dans son mémo aux employés de la Maison-Blanche de conserver tout matériel pertinent sur la Russie produit pendant le mandat actuel du président ou pendant la campagne électorale.

La Maison-Blanche a «seulement pris des mesures proactives», a dit à AP un porte-parole de Donald Trump. Les accusations de liens entre le président et la Russie sont «fausses et sont des attaques politiques», a-t-il ajouté. 

- Avec Associated Press, The Washington Post et CNN

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Sergeï Kislyak