Le président Donald Trump semblait avoir rassuré le camp républicain et une partie des Américains avec son premier discours devant le Congrès, mais la bataille ne fait que commencer pour concrétiser des grands chantiers encore mal définis dans leurs détails.

Surfant sur cette vague positive, le locataire de la Maison-Blanche est resté quasiment invisible mercredi, recevant des chefs parlementaires pour planifier les prochains mois et tenter de parvenir à un consensus sur les ambitieuses réformes de la santé et des impôts.

Le nouveau décret annoncé sur l'immigration, après la suspension en justice du décret controversé fermant les frontières aux ressortissants de sept pays musulmans, n'a toujours pas été dévoilé.

«C'était un discours très, très fort», a estimé Ted Cruz, ex-rival des primaires, sur MSNBC mercredi matin. «Il était différent du discours d'investiture, et c'est en partie car il a passé six semaines dans la fonction, cela pèse sur une personne».

«Ce président a été élu par des démocrates, par les travailleurs, les chauffeurs de camions, les garagistes, des hommes et des femmes qui ont les mains calleuses. Il s'est adressé à eux hier soir», a ajouté le sénateur du Texas.

«C'était un coup de circuit, un touch down, un panier à trois points... fantastique», a affirmé l'élu Adam Kinzinger, additionnant les métaphores sportives américaines.

Sur un ton mesuré, citant les anciens présidents Lincoln et Eisenhower et la Bible, Donald Trump a développé sa ligne de «l'Amérique d'abord», mais sans prononcer la fameuse formule.

Le chef de l'État américain a expliqué qu'il entendait relancer l'économie et l'industrie, renforcer la défense, lutter contre la délinquance, expulser plus de clandestins jugés dangereux, et abroger la réforme de la couverture-maladie de son prédécesseur.

«Ce n'était pas un nouveau départ», a insisté son porte-parole, Sean Spicer, qui s'est félicité de «l'élan» créé par l'événement.

Donald Trump a aussi tendu la main à l'opposition démocrate, reprenant sa promesse d'un programme de grands travaux de 1000 milliards de dollars et de congés familiaux payés. 

Démocrates désarmés 

Les sondages sont positifs: 76% des téléspectateurs interrogés par CBS News/YouGov ont approuvé l'allocution, tandis que 70% des téléspectateurs se sentaient plus optimistes après avoir écouté le président, selon une enquête CNN/ORC.

Et, cerise sur le gâteau pour l'homme d'affaires, Wall Street a terminé en forte hausse, le Dow Jones dépassant pour la première fois les 21 000 points.

L'évènement de mardi, retransmis sur les grandes chaînes, a attiré 48 millions de téléspectateurs selon Nielsen : c'est plus que Barack Obama l'an dernier (31 millions), mais moins que la première fois du président démocrate en 2009 (52 millions).

«MERCI!», a tweeté le milliardaire.

Au Congrès, l'opposition démocrate a été désarçonnée. Les élus étaient venus avec la ferme intention d'exprimer leur rejet de la politique du républicain, et beaucoup ont refusé d'applaudir.

Mais ils ont été forcés de prendre acte du changement de ton.

«C'était bien moins sombre que le discours d'investiture. Il a essayé de tendre la main», commentait John Larson, élu du Connecticut. «Mais le diable se niche dans les détails», a-t-il prévenu.

Dans les détails, Donald Trump est effectivement resté suffisamment vague pour que chaque faction politique y trouve son compte.

S'il a tenu bon sur le socle des idées républicaines, son plan d'infrastructures n'est pas au goût des ultra-conservateurs, de même que les crédits d'impôts auxquels il a fait allusion pour aider les Américains à financer leur assurance santé.

Les sénateurs républicains devaient se réunir mercredi pour tenter de faire émerger un consensus pour l'instant introuvable sur cette réforme.

Au-delà des discours, les démocrates continuent de dénoncer une présidence pour l'instant très conservatrice, selon eux, que ce soit sur l'immigration ou l'économie, avec la dérégulation engagée par l'exécutif.

«Avec Donald Trump, les discours ne veulent pas dire grand chose», a lancé le chef des démocrates du Sénat, Chuck Schumer, sur CBS. «Ses discours sont populistes, destinés aux travailleurs qui ont voté pour lui. Mais il gouverne à l'extrême-droite, au profit des groupes d'intérêts».