Donald Trump a essuyé mercredi un nouveau revers avec le retrait forcé d'un de ses candidats (Andrew Puzder, pour le secrétaire au Trésor), un camouflet qui s'ajoute à la crise suscitée par des révélations sur les contacts répétés entre ses proches et le renseignement russe l'année dernière.

Le président républicain n'a pas commenté l'affaire russe mercredi. Il a en revanche pris la parole pour dénoncer les fuites qui alimentent la presse au quotidien et l'ont poussé à se séparer de son conseiller à la sécurité nationale, Michael Flynn, lundi soir.

«Il a été traité très injustement par les médias», s'est plaint le président Trump lors d'une conférence de presse commune avec le premier ministre israélien à la Maison-Blanche.

Le milliardaire a qualifié les fuites d'«actes criminels», et pointé du doigt sur Twitter le FBI et la NSA, le service d'écoutes.

Sur le fond, le président des États-Unis est parvenu à éluder les questions difficiles en ne donnant la parole qu'à deux journalistes n'appartenant pas aux grands médias enquêtant sur le scandale.

Le New York Times a révélé, citant quatre responsables ou ex-responsables américains, que les services possédaient des relevés et des écoutes téléphoniques entre des membres de l'équipe de campagne du républicain et de hauts responsables du renseignement russe, l'an dernier.

Le contenu des conversations ne révèle pas de coopération, selon les sources du journal. Le Kremlin a dénoncé une «intox».

Cacophonie

Ces rebondissements ont renforcé la cacophonie et le sentiment de désorganisation au sommet de l'État. «Qui commande?» s'est alarmé le sénateur républicain John McCain.

Ajoutant au chaos ambiant, le candidat désigné par Donald Trump pour le portefeuille du travail, le patron d'un groupe de restauration rapide Andrew Puzder a été contraint mercredi après-midi de se retirer, face à l'opposition de nombreux sénateurs dont plusieurs issus de la majorité.

L'enquête du FBI est née du piratage du parti démocrate en 2015 et 2016, attribué aux Russes par Washington. Les Américains se sont aperçus que des proches de Donald Trump communiquaient régulièrement avec des intimes du Kremlin.

Les écoutes téléphoniques de l'ambassadeur russe à Washington, Sergueï Kislyak, ont également révélé que Michael Flynn lui avait parlé des sanctions américaines imposées le 29 décembre par Barack Obama, laissant entendre qu'elles pourraient être suspendues après l'alternance.

Ces communications, sans enfreindre la loi, ont peut-être dissuadé Vladimir Poutine de répondre aux sanctions américaines.

L'administration sortante a accusé le gouvernement russe d'avoir fomenté le piratage du parti démocrate, et notamment d'un proche conseiller d'Hillary Clinton, dans le but de l'empêcher d'être élue à la Maison Blanche.

L'opposition démocrate évoque ouvertement l'hypothèse d'une collusion entre Moscou et le candidat Trump, qui a régulièrement exprimé son admiration pour Vladimir Poutine.

Enquête spéciale 

«Je n'ai jamais vu ça», a tonné le chef des démocrates du Sénat, Chuck Schumer, après une réunion «en urgence» du groupe parlementaire.

Outre les investigations du FBI sur les interférences russes dans la campagne électorale et les contacts éventuels entre la Trump Tower et Moscou, plusieurs enquêtes parlementaires ont été lancées au Congrès, contrôlé par les républicains.

Donald Trump a nié tout lien avec la Russie.

Les démocrates veulent eux aller plus loin avec la création d'une commission d'enquête spéciale aux pouvoirs étendus, comme pour le scandale du Watergate ou après le 11-Septembre, ce que refusent les chefs républicains à ce stade.

La convocation de Michael Flynn semble toutefois inexorable, afin qu'il s'explique sur ses communications avec les Russes, et réponde à la question sur toutes les lèvres: avait-il reçu pour mission du président élu d'envoyer un message à Moscou sur une éventuelle levée des sanctions imposées par son prédécesseur?

La Maison-Blanche, mardi, a absolument nié l'existence d'un tel marché.

Le président américain s'est en même temps efforcé de prouver sa fermeté, rappelant que la Crimée avait été rattachée à la Russie pendant le mandat de son prédécesseur. «Obama a-t-il été trop mou avec la Russie?» s'est-il demandé sur Twitter.

Son dilemme concerne les sanctions alourdies que beaucoup veulent imposer à la Russie en représailles à l'ingérence durant la campagne. Le président républicain de la Chambre des représentants, Paul Ryan, a répété qu'il y était favorable.

Désireux de changer de sujet et de se rasséréner auprès de ses partisans, il a annoncé un meeting samedi près d'Orlando, en Floride, son premier depuis son investiture le 20 janvier.