Dans la tempête pour ses attaques contre les juges, le président Donald Trump a promis jeudi, en présence du nouveau procureur général des États-Unis, une «nouvelle ère» dans la lutte contre la criminalité et la menace terroriste.

Dressant un tableau extrêmement sombre des menaces pesant, selon lui, sur l'Amérique, le président républicain a affiché sa volonté de «casser les cartels criminels qui se sont répandus à travers le pays et détruisent notre jeunesse».

«Nous sommes confrontés à une criminalité en hausse et à la menace du terrorisme meurtrier», a-t-il lancé, sans présenter de chiffres, lors de la prestation de serment de Jeff Sessions, ultra-conservateur de 70 ans qui fut le premier sénateur à se rallier à lui pendant les primaires.

«Une nouvelle ère de justice commence et elle commence immédiatement», a-t-il ajouté avant de signer trois décrets prévoyant en particulier la mise en place d'un groupe de travail sur la réduction des crimes violents.

Sur une tonalité similaire, Jeff Sessions, qui a largement inspiré la politique anti-immigration de Donald Trump, a jugé nécessaire «de mettre fin à ce non-respect de la loi qui menace le peuple américain».

La confirmation de cet ancien sénateur de l'Alabama par le Sénat a été délicate: un seul des sénateurs démocrates l'a appuyé et, au sein des services désormais sous le contrôle de M. Sessions, beaucoup s'inquiètent d'une chasse aux sorcières.

La division des droits civiques du département américain de la Justice, qui a connu une forte expansion sous les mandats de Barack Obama, s'attend notamment à voir son influence se réduire considérablement.

Le nouvel «Attorney General» supervisera, entre autres, le FBI mais aussi les 93 procureurs fédéraux, l'administration pénitentiaire, ou encore l'agence de lutte antidrogue (DEA).

Propos «démoralisants» 

Quelques heures avant cette cérémonie très formelle de prestation de serment, Donald Trump s'était lancé dans une nouvelle salve d'attaques sur Twitter qui ne devrait pas contribuer à apaiser les inquiétudes de l'institution judiciaire, échaudée par ses mises en cause des juges.

M. Trump a visiblement peu apprécié les confidences faites en privé par Neil Gorsuch, le brillant juriste qu'il a soigneusement sélectionné pour la plus haute juridiction du pays.

M. Gorsuch a estimé «décourageants» et «démoralisants» les récents commentaires du président raillant le magistrat de Seattle qui a suspendu l'application de son décret anti-immigration et malmenant le principe d'indépendance des tribunaux.

Le haut magistrat a ainsi fait part de sa consternation lors d'un entretien avec le sénateur démocrate du Connecticut Richard Blumenthal. Celui-ci s'est ensuite empressé de rendre publics ces propos.

Interrogé par l'AFP, le porte-parole de M. Gorsuch, Ron Bonjean, a confirmé la réalité des termes utilisés par le juge conservateur de 49 ans, appelé à occuper le neuvième siège de la Cour suprême.

Mais Donald Trump, qui depuis sa prise de fonction tolère difficilement les critiques, a répliqué jeudi matin: «Le sénateur Richard Blumenthal, qui n'a jamais combattu au Vietnam contrairement à ce qu'il a affirmé pendant des années (énorme mensonge), déforme maintenant ce que le juge Gorsuch lui a dit?», a questionné le président.

La décision capitale de la cour d'appel de San Francisco, censée remettre en vigueur - ou non - le très controversé décret migratoire du nouveau président, est attendue d'ici la fin de la semaine.

Dénonçant mercredi une justice «politisée», Donald Trump a tenté de faire pression sur les magistrats appelés à se prononcer sur sa mesure emblématique. Dans une surprenante tirade, il a fourni une explication de texte juridique pour conclure que «même un lycéen de niveau médiocre comprendrait» que les juges se devaient de statuer en son sens.

Il avait quelques jours auparavant qualifié de «pseudo-juge» le magistrat fédéral James Robart qui avait suspendu son décret, et taxé de «ridicule» son jugement.

M. Trump entend-il poursuivre ses critiques envers les juges? «Le président continuera à dire ce qu'il pense», a répondu son porte-parole Sean Spicer, qui a confirmé, contre tout évidence, que les propos du juge Gorsuch ne visaient pas les prises de position du président qui l'a nommé.