Certaines compagnies aériennes ont recommencé samedi à transporter vers les États-Unis les ressortissants des sept pays qui étaient interdits d'entrée, après le blocage par un juge du décret de Donald Trump, mais d'autres restent plus prudentes face à une situation encore incertaine.

Air France, Qatar Airways, Lufthansa, ou encore Swiss ont indiqué appliquer les nouvelles directives de la justice américaine, lorsque les passagers concernés possèdent un visa en règle.

« Depuis ce matin, on applique immédiatement la décision de justice prise cette nuit. Tous les passagers qui se présentent, à partir du moment où ils ont des papiers en règle pour aller aux États-Unis [...], ils embarquent », a affirmé à l'AFP un porte-parole de la compagnie Air France, sans préciser combien de passagers cela a pu concerner jusqu'ici.

Cette décision des compagnies aériennes a été prise après le blocage vendredi par le juge fédéral de Seattle du décret du président américain interdisant l'entrée des États-Unis pendant trois mois aux ressortissants des sept pays à majorité musulmane (Irak, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen), ainsi qu'à tous les réfugiés pendant quatre mois.

Sur leur site internet respectif, plusieurs compagnies aériennes, dont Qatar Airways ou l'allemande Lufthansa, ont annoncé se conformer à cette nouvelle directive.

En Égypte, un responsable à l'aéroport du Caire a indiqué que les compagnies aériennes avaient reçu un avis de l'aéroport JFK à New York sur l'arrêt de l'application du décret du président américain.

L'avis concerne tous les passagers en possession d'un visa d'immigration ou de tourisme, qu'ils prennent un vol direct vers les États-Unis ou transitent par un autre aéroport, a ajouté ce responsable à l'aéroport du Caire sous le couvert de l'anonymat.

« À l'heure actuelle, tous les passagers munis de documents de voyage valables peuvent voyager sur n'importe quel vol Swiss à destination des États-Unis », a également assuré la Compagnie Swiss dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nous sommes en dialogue permanent avec les autorités américaines compétentes (US Customs and Border Protection - CBP) et respecterons strictement les conditions d'entrée sur le territoire américain », ajoute-t-elle.

Autorisation temporaire ?

Cette autorisation pourrait en effet n'être que temporaire. Elle est valable sur l'ensemble du territoire américain, le temps qu'une plainte déposée lundi par le ministre de la Justice de l'État de Washington, Bob Ferguson, soit examinée.

À Téhéran, une agence de voyages a conseillé aux Iraniens qui souhaitaient se rendre aux États-Unis de le faire le plus vite possible.

« À tous ceux qui ont un visa, d'immigration ou autre, [...] prenez un avion pour n'importe quelle ville [des États-Unis] ce soir », a affirmé le conseiller de cette agence sous le couvert de l'anonymat. 

La décision du juge fédéral peut « être rejetée en appel », a-t-il prévenu, conseillant aux Iraniens de ne signer aucun document s'ils étaient empêchés d'entrer sur le sol américain à leur arrivée à l'aéroport.

Une incertitude qui pousse aussi certaines compagnies à la prudence. La compagnie finlandaise Finnair, n'a opéré aucun changement pour l'instant, les passagers concernés n'embarquent pas en l'absence de confirmation officielle des autorités américaines, a indiqué une porte-parole à l'AFP.

Le transporteur à bas prix norvégien Norwegian considère lui la situation « incertaine » et demande aux passagers concernés de consulter l'ambassade des États-Unis, indique-t-il dans un communiqué.

Même son de cloche pour la compagnie scandinave SAS, qui dit ignorer si les douanes américaines suivent ou non le blocage de l'arrêt anti-immigration.

De nombreux ressortissants de ces sept pays ont été retenus ces derniers jours dans les aéroports américains à leur arrivée ou empêchés d'embarquer au départ d'autres pays, suscitant de vives protestations internationales et la condamnation des organisations de défense des droits de l'Homme.