Le décret-loi de Donald Trump interdisant temporairement l'accès aux États-Unis aux citoyens de sept nations musulmanes rencontre l'opposition de certains républicains au Congrès, même si la Maison-Blanche insiste pour dire que le texte signé par le nouveau président est un petit prix à payer pour assurer la sécurité du pays.

Selon le sénateur Rob Portman, de l'Ohio, M.Trump devrait «mettre la pédale douce» et collaborer avec les parlementaires pour trouver le meilleur moyen pour contrôler les étrangers entrant aux États-Unis.

Interviewé sur les ondes de CNN, M. Portman a ajouté que tous et chacun «devraient respirer par le nez et trouver quelque chose de sensé» qui respectera le fait que «les États-Unis ont toujours été une terre d'accueil pour les réfugiés et les immigrants».

Deux autres sénateurs républicains, John McCain et Lindsey Graham, ont dit craindre que le décret nuise à la lutte contre le terrorisme.

«Ce décret présidentiel envoie volontairement ou non le signal que les États-Unis ne veulent pas voir des musulmans entrer dans notre pays. C'est la raison pour laquelle nous craignons qu'il facilitera plus le recrutement de terroristes qu'il n'améliorera notre sécurité», ont-ils fait valoir.

Ces commentaires ont été exprimés au lendemain de la décision d'une juge fédérale, Ann Donnelly, d'interdire momentanément la déportation des citoyens originaire de l'Iran, de l'Irak, de la Libye, de la Somalie, du Soudan, de la Syrie et du Yémen arrivés dans les aéroports du pays. Selon elle, les voyageurs qui sont détenus ont de bonnes raisons de dire que les droits ont été violés.

Le ministère de la Sécurité intérieure a publié un communiqué dimanche matin pour indiquer que cette décision judiciaire n'affectera pas l'application générale du décret et ne concerne qu'un petit nombre de voyages incommodés par les mesures de sécurité.

Le leader de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, s'est dit, sur les ondes du réseau ABC, pour le renforcement des mécanismes de contrôle, mais a rappelé que les musulmans représentent «une des meilleures armes dans la guerre contre le terroriste.» Il a exhorté les autorités à faire preuve de prudence dans l'application du décret, ajoutant que ce sera aux tribunaux de décider «si cela ne va pas trop loin».

Fidèle à ses habitudes, M. Trump s'est défendu par l'entremise de son compte Twitter. «Notre pays a besoin de frontières fortes et de vérifications extrêmes MAINTENANT», a-t-il écrit, dimanche.



Des ministres de la Justice régionaux s'indignent


Les ministres de la Justice de seize États fédérés, représentant près d'un tiers de la population américaine, ont condamné dimanche le décret anti-immigration de Donald Trump et promis de «le combattre avec tous les moyens à leur disposition».

«Nous condamnons le décret du président Trump, qui est contraire à la Constitution, aux valeurs de l'Amérique et illégal, et nous allons travailler ensemble pour assurer que le gouvernement fédéral obéisse à la Constitution, respecte notre histoire de nation fondée sur l'immigration et ne vise personne seulement à cause de sa nationalité ou de sa foi», affirment les ministres, tous démocrates, dans un communiqué.

Rappelant que plusieurs juges ont déjà bloqué une partie du décret, les 16 Attorneys General promettent de tout faire «pour préserver notre sécurité nationale et nos valeurs fondamentales».

Les ministres se disent convaincus que le décret sera  annulé par la justice et promettent en attendant de faire en sorte «que le moins de gens possible ne souffrent de la situation chaotique qu'il a provoquée».

Outre la ministre de l'Illinois qui a pris l'initiative de cette déclaration, ont signé: la Californie, le Connecticut, le district de Columbia (la capitale), Hawaï, l'Iowa, le Maine, le Maryland, le Massachusetts, le Nouveau-Mexique, New York, l'Oregon, la Pennsylvanie, le Vermont, la Virginie et Washington.

- Avec AFP

Photo archives AP

Le sénateur Rob Portman.