Donald Trump est resté évasif vendredi sur une levée des sanctions contre la Russie, la première ministre britannique Theresa May réclamant leur maintien, à la veille d'une conversation téléphonique entre le président américain et son homologue russe Vladimir Poutine.

«Pour ce qui est des sanctions, nous verrons ce qui va se passer. Il est très tôt pour parler de cela», a botté en touche le président Trump lors d'une conférence de presse à la Maison-Blanche avec Mme May.

Cette dernière, première dirigeante étrangère à être reçue par M. Trump depuis qu'il est entré à la Maison-Blanche le 20 janvier, a jugé que les sanctions internationales de 2014 contre Moscou en raison du conflit ukrainien devaient être maintenues.

«Pour le Royaume-Uni, concernant les sanctions contre la Russie liées à ses agissements en Ukraine, nous avons été très clairs: nous voulons que l'accord de Minsk (NDLR: Accords de Minsk 2 de février 2015, un règlement diplomatique scellé entre Kiev, Moscou, Paris et Berlin pour mettre fin au conflit ukrainien) soit complètement appliqué», a souligné la première ministre britannique devant la presse.

Et, a insisté Mme May, «nous pensons que les sanctions doivent continuer jusqu'à ce que l'accord de Minsk soit pleinement mis en oeuvre et nous continuons à militer en ce sens au sein de l'Union européenne».

Les sanctions internationales contre la Russie avaient été déclenchées en réaction au rattachement de la Crimée en mars 2014, suivie de l'intervention russe en soutien à des séparatistes ukrainiens dans l'Est de l'Ukraine.

«Relation fantastique»

Interrogé sur sa relation avec le président Poutine dont il veut se rapprocher, Donald Trump a répondu: «J'espère que nous aurons une relation fantastique. C'est possible. Et c'est aussi possible que ça ne marche pas. On verra ce qui se passera».

Les deux dirigeants s'entretiendront d'ailleurs samedi au téléphone, selon la Maison-Blanche et le Kremlin, pour la première fois depuis l'investiture américaine du 20 janvier.

Les deux chefs d'État s'étaient parlé une première fois par téléphone en novembre, peu après la victoire électorale de M. Trump, et ils étaient convenus de la nécessité de «normaliser» les relations entre Moscou et Washington, après les tensions de l'ère Obama en raison des conflits en Ukraine et en Syrie.

M. Poutine avait qualifié M. Trump d'«homme brillant et plein de talent». L'Américain avait loué l'«intelligence» du Russe.

Avant que Mme May et M. Trump s'expriment à la Maison-Blanche, une éventuelle levée des sanctions de Washington contre Moscou avait été évoquée par l'entourage du nouveau président américain. «Tout cela est envisagé», avait ainsi déclaré la conseillère Kellyanne Conway sur la chaîne Fox News.

Elle avait réaffirmé que pour le milliardaire, élu président sur des slogans nationalistes et isolationnistes, «l'Amérique d'abord» faisait office de principe de politique étrangère.

Du côté de Moscou, «concernant la levée de sanctions, on n'en sait rien (...) Je ne sais pas dans quelle mesure (cela) correspond à la réalité», a affirmé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

«Défi» pour l'UE

Mais le coup de fil Trump-Poutine et les rumeurs sur les sanctions ne sont pas du goût de certains conservateurs américains.

«Au nom de la sécurité nationale américaine et celle de nos alliés, j'espère que le président Trump mettra fin à ces spéculations et rejettera cette voie dangereuse», a tonné le sénateur républicain John McCain, bête noire de Moscou et très critique du président américain. Il a même menacé de codifier les sanctions russes dans le droit américain.

Même son de cloche à gauche. «Tant que (Poutine) ne change pas de comportement, une levée des sanctions contre lui est impensable», a averti l'élu démocrate Eliot Engel.

L'ONG Human Rights First a rappelé que toute suspension était conditionnée par des critères énoncés dans la loi: cessation des violations de droits de l'homme ou du droit international, départ de Crimée, respect des accords de Minsk...

Donald Trump doit également s'entretenir samedi par téléphone avec son homologue français François Hollande et avec la chancelière allemande Angela Merkel. Le président américain a beaucoup critiqué Mme Merkel pour sa politique d'ouverture aux réfugiés et aux migrants.