Un peu crispé, Sean Spicer s'installe derrière le pupitre, tente une blague sur son impopularité, puis déroule les sujets du jour. Pour son premier «briefing» lundi, le porte-parole de Donald Trump a tenté l'apaisement après une sortie d'une agressivité inouïe deux jours plus tôt.

Pendant près d'une heure et demie, la nouvelle «voix» de l'exécutif américain a répondu avec calme aux questions, renforçant l'idée que le style de cette administration oscillerait en permanence d'un registre à l'autre, à l'instar des tweets de son président, tantôt colériques et vengeurs, tantôt apaisés et rassembleurs.

Si la petite salle de presse aux 49 sièges situé dans la West Wing est traditionnellement pleine à craquer lors des apparitions du président, les rangs sont en principe plus clairsemés lors de celles, quotidiennes, de son porte-parole.

Mais nouvelle administration oblige, il était impossible lundi de se frayer un passage dans ce lieu rendu célèbre par d'innombrables films ou séries télévisées où elle figure en bonne place.

A-t-il prêté l'oreille aux conseils Ari Fleischer, ancien porte-parole de George W. Bush, qui lui avait conseillé sur CBS de «faire baisser un peu la température»? Sean Spicer adopte un ton plutôt conciliant.

«Je veux m'assurer que nous ayons une bonne relation avec les médias», affirme-t-il.

«Est-ce votre intention de toujours dire la vérité?»

«Oui, je crois que nous devons être honnêtes avec les Américains. Notre intention est de ne jamais vous mentir», répond-il. «Parfois nous parlons trop vite car l'information disponible n'était pas complète...».

Samedi, lors d'une brève déclaration à ce même podium où il s'en était pris avec virulence aux médias, accusés d'avoir minimisé l'ampleur de la ferveur populaire envers Donald Trump, et avait lancé une série d'affirmations contredites par les faits.

«Ce fut la plus grande audience ayant jamais assisté à une investiture, point barre, que ce soit en personne ou à travers le monde».

Interrogée le lendemain sur ces «mensonges», Kellyanne Conway, proche conseillère de M. Trump, avait avancé qu'il s'agissait en réalité de «faits alternatifs», une formulation qui a laissé sans voix une bonne partie de l'Amérique.

«Sièges Skype» 

Comment expliquer cette poussée de fièvre ?

«Ce n'est pas seulement une histoire de taille de la foule (...) c'est une tentative permanente pour affaiblir sa crédibilité et le mouvement qu'il représente», avance-t-il. «C'est frustrant (...) C'est un peu démoralisant», poursuit-il. Mais esquive lorsqu'un journaliste lui fait remarquer que la fonction de président des États-Unis est, par définition, exposée...

Sur la forme, le nouveau porte-parole affiche sa volonté de bousculer les traditions.

La journaliste de l'Associated Press, assise au premier rang face à lui, n'a pas la première question, comme c'est l'habitude. Les premiers journalistes appelés? New York Post, Christian Broadcasting Network, Fox Business...

Il annonce la création de quatre «sièges skype» pour donner la parole à des journalistes qui vivent loin de Washington et pourront poser des questions à distance, une façon de contourner les «médias traditionnels» voués aux gémonies durant la campagne.

Au fur et à mesure que le briefing avance, le secrétaire de presse se fait plus souriant, tente de tisser des liens avec son audience.

«Aujourd'hui, je suis là pour répondre à toutes vos questions. Je resterai autant que vous voudrez mais vous aurez peut-être envie de partir avant moi...»

Les semaines et les mois à venir diront quelle relation Sean Spicer entend instaurer dans la durée avec les journalistes, qui font partie, selon les termes du nouvel occupant de la Maison-Blanche, «des êtres humains les plus malhonnêtes de la terre».

Seul véritable point commun à ce stade avec son prédécesseur Josh Earnest, porte-parole de Barack Obama : une absence totale du sens de la ponctualité.