Pour rejeter les allégations dont a fait état BuzzFeed, Donald Trump assure qu'il ne prêterait jamais le flanc à un tel chantage puisqu'il est « extrêmement prudent » lorsqu'il voyage à l'étranger. « Peu importe où vous allez, dans les chambres d'hôtel, il y aura probablement des caméras cachées dans les endroits les plus étranges. C'est ce que je répète constamment à mon entourage », dit-il. Saine prudence ou paranoïa?

IL SERAIT NAÏF DE NE PAS Y CROIRE

« Au Canada et ici au Québec, nous sommes assez naïfs face à cette réalité », affirme Michel Glenfield, spécialiste du contre-espionnage chez Détection d'écoute électronique GT. Il est lui-même appelé une dizaine de fois par année par des clients qui veulent faire scruter des chambres d'hôtel de la région montréalaise, pour y chercher de caméras ou des micros cachés. « C'est souvent demandé par des diplomates étrangers. Les Américains sont très à l'affût de ce genre d'espionnage. Ça arrive plutôt rarement à Montréal, mais c'est assez fréquent dans la région de Toronto. C'est déjà arrivé qu'on fasse aussi des trouvailles à Ottawa », dit-il.

LE CAS DE SOTCHI

Rares sont les cas documentés de caméras d'espionnage dissimulées dans des chambres d'hôtel. À l'ouverture des Jeux olympiques de Sotchi, le vice-premier ministre russe, Dmitri Kozak, s'était cependant compromis publiquement en défendant maladroitement la qualité de l'hébergement offert aux athlètes. Il avait alors affirmé que les détracteurs des jeux sabotaient volontairement les installations : « Nous avons des vidéos de surveillance des hôtels qui montrent les gens qui font couler la douche, avec le pommeau dirigé directement vers le mur, et qui quittent ensuite la chambre pour la journée entière. » Les journalistes avaient tenté d'en savoir plus au sujet de ces caméras, a rapporté le Wall Street Journal, mais n'ont jamais eu d'explications de la part des autorités.

GROS COMME LA TÊTE D'UNE ÉPINGLE

Selon Olivier La Barre, de la firme de vidéosurveillance Sécur-Icare, les caméras utilisées pour ce genre d'espionnage sont pratiquement indétectables. « L'objectif n'est pas plus gros que la tête de deux ou trois épingles. C'est impossible de les voir », dit-il. Ces caméras sont souvent dissimulées dans les trappes d'aération ou dans les réveille-matin, précise Michel Glenfield.

CONTRE-MESURES SOPHISTIQUÉES

Malgré leur petite taille, ces caméras restent « très faciles à détecter », soutient Michel Glenfield. Pour les dénicher, il procède d'abord à une fouille physique des lieux. La batterie et le dispositif d'enregistrement ou de transmission du dispositif d'espionnage sont généralement faciles à repérer. « Ça peut avoir la taille d'un étui à crayons ou d'un tube de dentifrice », précise-t-il. Il utilise également un « détecteur de jonction non linéaire », sorte de scanneur qui permet de détecter les semi-conducteurs d'appareils électroniques même s'ils sont éteints.

PLAUSIBLE, MAIS ILLÉGAL

Si l'espionnage des chambres d'hôtel de M. Trump par la Russie ou d'autres pays étrangers reste plausible, Alexandre Dos Santos, propriétaire du magasin Spytronics, doute que ce genre de surveillance se produise en Amérique. « Ici, installer des caméras dans une chambre d'hôtel, c'est illégal. Ce serait permis dans le couloir, mais il faut que ce soit clairement indiqué et que les caméras soient visibles », souligne-t-il.