Donald Trump va annoncer mardi le nom du futur chef de la diplomatie américaine, en pleines querelles sur les cyberattaques et interférences russes dans l'élection américaine et sur fond de tensions montantes avec la Chine.

«Je ferai mon annonce pour le prochain secrétaire d'Etat demain (mardi) matin», a écrit le milliardaire sur Twitter lundi soir. Il s'agit du dernier poste important de son administration qu'il n'a pas encore pourvu.

Selon les dernières rumeurs, Rex Tillerson, le patron du géant pétrolier ExxonMobil, tiendrait la corde pour occuper ce poste prestigieux et devenir la voix de la diplomatie américaine. M. Tillerson, 64 ans, entretient d'étroites relations d'affaires avec Vladimir Poutine, qui lui a remis en 2013 la décoration russe de l'ordre de l'Amitié.

Parmi les autres candidats potentiels figurent l'ancien gouverneur du Massachusetts Mitt Romney, l'ancien chef de la CIA David Petraeus ou le respecté sénateur Bob Corker.

Le choix de M. Tillerson irait dans le sens de la volonté affichée par M. Trump, durant sa campagne, d'améliorer les relations entre les États-Unis et la Russie, mises à l'épreuve ces dernières années, notamment au sujet de la guerre en Syrie.

Mais ce candidat est loin de faire l'unanimité, y compris dans son camp: «Cet homme (NDLR: Poutine) est un voyou et un assassin, je ne vois pas comment on peut être l'ami d'un ancien agent du KGB», a lancé le sénateur républicain John McCain sur CNN.

«Un ami de Vladimir»

«Être un ami de Vladimir n'est pas une caractéristique que j'espère chez un secrétaire d'État», a commenté son collègue Marco Rubio.

Deux prises de position qui n'augure pas d'un passage aisé devant le Sénat, qui devra confirmer cette nomination par un vote, ce qui requerra donc le concours de la plupart des républicains.

Or le Congrès, à majorité républicaine, va bien enquêter sur les cyberattaques et les interférences russes dans l'élection américaine, accentuant la pression contre Moscou alors même que Donald Trump tente de s'en rapprocher.

La CIA a conclu dans un rapport secret révélé vendredi par le Washington Post que la Russie était intervenue par ses cyberattaques dans la campagne électorale dans le but précis d'aider Donald Trump à être élu, et non dans le but plus général de troubler le bon déroulement de l'élection.

Mais le successeur de Barack Obama, qui prendra ses fonctions le 20 janvier, rejette cette conclusion, jetant l'opprobre sur un service de renseignement à la réputation entachée par ses rapports erronés après le 11 septembre 2001 sur les liens entre Saddam Hussein et Al-Qaïda.

Donald Trump l'a dit à plusieurs reprises en interviews, et à nouveau lundi.

«À moins que vous ne preniez les pirates en flagrant délit, il est très difficile de déterminer qui a piraté. Pourquoi cela n'a-t-il pas été publié avant l'élection ?», a-t-il écrit sur Twitter.

En octobre, les services de renseignement américains avaient collectivement accusé la Russie d'avoir piraté des partis politiques afin d'interférer dans le processus électoral.

«Les Russes ne sont pas nos amis», a déclaré le chef de la majorité du Sénat, Mitch McConnell, lors d'une conférence de presse.

«Inexpérience» diplomatique

«Toute intervention étrangère dans nos élections est entièrement inacceptable. Et toute intervention de la Russie est particulièrement problématique car, sous le président Poutine, la Russie a été un agresseur, constamment en train de saper les intérêts américains», a renchéri Paul Ryan, président de la Chambre des représentants.

Mais ces fins stratèges semblent réticents à l'idée de bouleverser le programme du prochain Congrès.

Ils s'en sont donc remis aux discrètes commissions du Renseignement, compétentes en la matière, Paul Ryan soulignant que la commission de la Chambre enquêtait déjà sur les menaces étrangères de cyberattaques.

Le secrétaire d'État retenu par M. Trump aura un autre sujet brûlant à traiter dès son entrée en fonction le 20 janvier: les relations avec la Chine.

Depuis le début du mois, Donald Trump a en effet multiplié les déclarations embarrassantes pour Pékin, qui avait pourtant semblé accueillir avec bienveillance son élection le 8 novembre.

Le régime chinois a dans un premier temps excusé le milliardaire pour son «inexpérience» diplomatique, mais a lancé un premier avertissement lundi, au nom de la défense de ce «principe de la Chine unique» que Donald Trump avait menacé dimanche de jeter aux orties.

L'annonce «majeure» sur ses entreprises reportée

Le président désigné des États-Unis, Donald Trump, a annoncé lundi qu'il reportait une conférence de presse prévue cette semaine au cours de laquelle il devait expliquer ce qu'il adviendra de son empire immobilier.

Il a dit vouloir d'abord s'assurer que «de bons protocoles soient mis en place», ajoutant qu'il ne fera pas d'annonce quant à la gestion future de ses entreprises avant le mois prochain.

L'équipe juridique du président désigné a besoin de plus de temps pour mettre en place le meilleur plan pour l'avenir de la Trump Organization, a soutenu un porte-parole de l'équipe de transition de M. Trump, Sean Spicer.

Dans une entrevue qu'il a accordée durant le week-end, Donald Trump indiquait qu'il ne participerait pas à la gestion de ses entreprises et qu'il ne négocierait pas de contrats pour son empire international une fois qu'il entrera en poste, le 20 janvier.

Il avait réitéré qu'il entendait confier l'administration de ses sociétés immobilières à ses enfants et à des responsables de ces entreprises.

M. Trump a annoncé sur Twitter, le mois dernier, qu'il tiendrait «une conférence de presse majeure» le 15 décembre au sujet de la gestion de ses entreprises une fois qu'il sera assermenté président.

Dans un courriel envoyé lundi, M. Spencer souligne toutefois que «plusieurs propriétés emblématiques et entités de réussite» sont en jeu, ce qui justifie le report de l'annonce au mois de janvier. Ce délai permettra de mieux élaborer les protocoles à suivre, soutient-il.

La mise en place de telles balises fera en sorte que Donald Trump, une fois en fonction comme président, pourra se concentrer uniquement «sur le pays et sur l'accomplissement de son programme ambitieux avec l'aide du cabinet de renommée internationale qu'il a formé», ajoute le porte-parole.

- Avec AP