Donald Trump doit repartir dès lundi à la recherche du futur chef de sa diplomatie qui sera chargé d'appliquer sa politique de «l'Amérique d'abord», et de faire avec un président au style iconoclaste.

Donald Trump reprendra ses consultations et entretiens dans son quartier-général newyorkais pour construire son administration, alors que le monde s'interroge sur les orientations que prendra le futur président.

M. Trump a rompu avec 40 ans de tradition diplomatique américaine en acceptant vendredi un appel de félicitations de la présidente taiwanaise - alors que Washington ne reconnaît qu'une seule Chine, celle de Pékin.

Dimanche matin, le président élu a dégainé une série de tweets mi-cajoleurs, mi-menaçants pour avertir les entreprises américaines de ne pas commettre la «très coûteuse» erreur de délocaliser.

Mais si Donald Trump peut surprendre, il séduit et attire aussi, a affirmé sa proche conseillère Kellyanne Conway, en arrivant dimanche matin au QG de la Trump Tower à New York.

Le poste de secrétaire d'État - chef de la diplomatie - reste le plus important à ne pas avoir été encore pourvu dans la future administration.

Le futur vice-président Mike Pence a confirmé les noms de cinq prétendants déjà connus: l'ancien maire de New York Rudy Giuliani, l'ancien candidat à la présidentielle Mitt Romney, l'ancien directeur de la CIA le général David Petraeus, le sénateur Bob Corker, ou l'ancien ambassadeur à l'ONU John Bolton.

Mais «c'est vrai que M. Trump a élargi sa recherche» a déclaré Mme Conway, en annonçant des rendez-vous avec de nouvelles personnalités.

«Ne pas surinterpréter»

Elle n'a pas cité de noms, mais la presse américaine a évoqué celui de Jon Huntsman, ancien gouverneur de l'Utah et surtout ambassadeur en Chine de 2009 à 2011. Le nom de Rex Tillerson, l'actuel patron du plus grand groupe pétrolier du monde d'ExxonMobil, est également avancé.

Le général David Petraeus, ancien directeur de la CIA contraint de démissionner pour avoir confié des secrets à sa maîtresse et biographe, a en tout cas passé une sorte de grand oral public dimanche matin sur la chaîne ABC.

Le prestigieux chef militaire a fait valoir qu'il avait «payé très cher» pour ses fautes, et qu'il était prêt à servir de nouveau.

Quel que soit le candidat retenu au département d'État, il aura en tout cas à appliquer la diplomatie d'un président qui ne s'en soucie guère - au moins au sens traditionnel du terme.

Ce qui le conduira sûrement plus souvent qu'à son tour à arrondir les angles et rectifier subtilement le tir, sans paraître contredire l'hôte de la Maison-Blanche.

Mike Pence et Kellyanne Conway se sont livrés à ce délicat exercice dimanche à propos de la conversation avec la présidente taïwanaise.

Il ne s'agissait de «rien de plus» qu'une conversation de courtoisie, a souligné Mike Pence.

«À ce stade, ce n'était qu'un coup de fil (...) Quand il aura été investi comme commandant en chef, il exposera clairement la totalité de ses intentions. Les gens ne devraient pas surinterpréter la chose», a souligné Kellyanne Conway.

Depuis 40 ans, Washington soutient toujours la politique d'une «seule Chine», qui l'a conduit à rompre ses relations diplomatiques avec Taïwan, l'île de facto séparée de la Chine et dotée d'un gouvernement indépendant depuis 1949.

«Vous avez été prévenues»

Mais M. Trump a violemment critiqué Pékin tout au long de sa campagne électorale, l'accusant de manipuler sa monnaie pour stimuler ses exportations et ainsi faire une concurrence déloyale aux entreprises américaines.

Tous les candidats au poste de chef de la diplomatie «doivent comprendre que leur première responsabilité (...) sera d'appliquer et d'adhérer à «l'Amérique d'abord»», la future politique étrangère de Donald Trump, a souligné Kellyanne Conway.

M. Trump en tout cas n'est pas prêt de renoncer aux tweets.

«Je vous en prie, vous avez été prévenues avant de faire une erreur très coûteuse ! ON PEUT FAIRE DES AFFAIRES AUX ÉTATS-UNIS», a tweeté dimanche aux aurores le président élu à l'attention des entreprises américaines tentées par les délocalisations.

«Les États-Unis vont nettement réduire les impôts et la règlementation des entreprises, mais une entreprise qui quitte notre pays pour un autre pays, licencie ses employés, construit une nouvelle usine ou installation dans un autre pays, et pense ensuite pouvoir vendre ces produits aux États-Unis sans être punie se TROMPE!», a menacé M. Trump.