Le bilan du terrible incendie qui a endeuillé une fête dans le «vaisseau fantôme», un ancien entrepôt abritant un collectif d'artistes à Oakland, près de San Francisco, s'élève désormais à 36 morts mais pourrait encore s'alourdir.

La recherche des corps allait reprendre en fin de journée lundi après avoir été suspendue pour des raisons de sécurité, certaines parties du bâtiment menaçant de s'effondrer, a expliqué le shérif du comté d'Alameda, Gregory Ahern, lors d'une conférence de presse.

Si de nouvelles victimes pourraient bien être découvertes, «nous n'anticipons pas de bilan beaucoup plus élevé», a-t-il précisé, ajoutant que des «personnes originaires de Finlande, Corée et Guatemala» comptaient parmi les morts et que leurs ambassades respectives avaient été prévenues.

Les lieux frappés par l'incendie pendant une soirée de musique électronique ont été dégagés «à 75%», a précisé l'un des responsables des pompiers.

Le bilan reste pour l'instant à 36 victimes, dont 33 ont été identifiées. Environ 50 personnes sont encore portées disparues mais parmi elles certaine sont vivantes et n'ont simplement pas encore contacté leurs familles, a précisé M. Ahern.

La plupart des victimes étaient très jeunes, âgées de 20 à 30 ans, l'une n'ayant que 17 ans. Il s'agirait du fils d'un adjoint du shérif, selon le journal San Franciso Gate.

«Quelques secondes» 

Les causes de l'incendie restent inconnues et une enquête est en cours avec la coopération d'agences fédérales.

«Plusieurs personnes qui ont des liens avec ce lieu ont déjà été entendues» par les enquêteurs, a indiqué la procureure du district, Nancy O'Malley.

Plus tôt lundi, exprimant sa solidarité avec les habitants d'Oakland, «l'une des villes les plus créatives» des États-Unis, le président américain Barack Obama a promis toute l'aide fédérale nécessaire dans l'enquête sur l'origine de cet incendie.

Dès samedi, les autorités municipales avaient indiqué que le bâtiment n'était sans doute pas aux normes.

L'enquête devra établir si les propriétaires de l'ancien entrepôt et ses occupants avaient toutes les autorisations nécessaires.

Johnna Watson, porte-parole de la police d'Oakland, a dit lundi espérer que d'éventuelles images filmées lors de précédentes descentes de police dans l'entrepôt apportent des éléments. «Admettons que nous soyons venus dans cet endroit, et que nous ayons eu des inquiétudes, d'ordre criminel ou liées à une violation (de la loi), nous avons sans doute capturé cela sur nos caméras corporelles.»

Un autre responsable municipal a indiqué que la mairie enquêtait avant l'accident sur des «constructions illégales» à l'intérieur de l'ancien entrepôt.

Noel Gallo, un élu municipal habitant non loin de là, a raconté sur la chaîne de télévision KTVU que des voisins et des commerçants du quartier «se plaignaient depuis un certain nombre d'années» du bric-à-brac que les occupants du «Ghostship» entassaient dans la cour ou sur le trottoir.

À quelques rues des lieux du drame, un petit mémorial s'est improvisé.

Susan Matthews, une artiste qui vit à deux pâtés de maisons de l'immeuble incendié, a raconté à l'AFP avoir retrouvé jusque dans son jardin des cendres et des débris du bâtiment.

Chris Nechodom, qui visitait pour la première fois les lieux le soir du drame, a dit avoir vu beaucoup de choses bricolées, assurant toutefois n'avoir «jamais pensé au feu».

«J'ai vu des extincteurs, je suis parti du principe qu'il y avait des détecteurs de fumée. Mais je n'ai pas entendu d'alarme», a-t-il concédé. «Tout s'est passé en quelques secondes.»

Oakland est une ville de 420 000 habitants située juste de l'autre côté de la baie de San Francisco, qui traîne une réputation d'insécurité. Mais l'explosion des loyers dans la région, à cause du boom des entreprises technologiques, a poussé des populations de plus en plus aisées à venir s'y installer, les loyers y étant plus abordables qu'à San Francisco.

L'incendie d'Oakland est l'un des plus meurtriers de ces 20 dernières années aux États-Unis.

Le 20 février 2003, un incendie déclenché par des feux d'artifice dans une boîte de nuit de West Warwick, dans le nord-est du pays, avait coûté la vie à 100 personnes, selon l'association professionnelle National Fire Protection Association (NFPA).

REUTERS

Des pompiers étaient toujours en train de fouiller les décombres du bâtiment, lundi.