« Cuba libre ! », « liberté, liberté ! »: après une nuit de fête, les cris de joie et concerts de klaxons et casseroles emplissaient samedi les rues de Miami, fief des exilés cubains aux États-Unis, pour célébrer la mort de Fidel Castro.

Agitant des drapeaux cubains et américains, des manifestants toujours aussi nombreux continuaient de fêter son décès sous le ciel bleu et les palmiers du quartier de Little Havana (la Petite Havane), où vivent de nombreux Cubains qui ont fui le régime castriste.

Certains agitaient des pancartes de la campagne de Donald Trump. Le président élu républicain a affirmé vouloir tout faire pour contribuer à la « liberté » des Cubains après la mort d'« un dictateur brutal ». Des déclarations résonnant comme un écho aux scènes de liesse qui agitaient Miami, ville des États-Unis où vit le plus grand nombre de Cubains-Américains.

« On ne peut pas reprocher aux Cubains de fêter la mort de Fidel Castro, ce n'était pas un dirigeant mais un dictateur », a dit à l'AFP Tomas Regalado le maire de la ville.

Entre embrassades et musique, jeunes et vieux se rassemblaient devant le Café Versailles, l'un des principaux lieux de rendez-vous de la communauté cubaine de Miami.

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Plus d'un millier de Cubains de Miami, de tous âges et parfois presque en pyjamas, sont descendus dans les rues des quartiers de la Petite Havane et Hialeah.

Là, pendant des décennies, on avait pris l'habitude des protestations contre le régime cubain ou des discussions interminables sur la politique, le régime castriste et les moyens de contribuer à son affaiblissement. Les célébrations, elles, étaient beaucoup plus rares.

« Je pense aujourd'hui aux milliers de Cubains qui ont été dévorés par les requins dans le détroit de Floride alors qu'ils tentaient de fuir Cuba pour atteindre cette terre de liberté », a dit émue Dulce Martinez.  Seuls quelque 150 kilomètres séparent Cuba de la péninsule de Floride, dans le sud-est des États-Unis. « Je suis heureuse aujourd'hui car la bête, le tueur, est en enfer », a-t-elle asséné.

« Au tour de Raul »

Ces explosions de joie après la mort d'un homme en disent long sur le ressentiment de ces exilés à l'égard d'un régime qui a tenu Cuba d'une main de fer au prix de redoutables privations de liberté.

À Miami, l'annonce de la mort vendredi soir à 90 ans du leader s'est répandue comme une traînée de poudre. Spontanément, ils sont plus d'un millier, de tous âges et parfois presque en pyjamas, à être descendus en pleine nuit dans les rues de Little Havana et du quartier de Hialeah.

« C'est triste de se réjouir de la mort de quelqu'un, mais en fait cette personne n'aurait jamais dû naître », se justifiait Pablo Arencibia, un enseignant de 67 ans exilé depuis 20 ans aux États-Unis.

Le slogan « Cuba Libre » scandé dans ces manifestations spontanées est devenu le cri de ralliement de cette communauté qui s'est exilée à Miami après la prise du pouvoir par Fidel Castro en 1959.

Dans les rues de la ville, l'hymne cubain a aussi été entonné vendredi soir, pendant qu'on débouchait des bouteilles de champagne.

« C'est un grand moment pour la communauté cubaine et je suis avec elle », souligne Debbie, une Américaine née en Floride qui vit à Little Havana. Avec une amie cubaine, Aymara, elles sont aussi venues au Café Versailles.

Environ deux millions de Cubains vivent aux États-Unis et 70 % d'entre eux sont installés en Floride. Mais pour beaucoup de ces Cubains, l'optimisme doit cependant être tempéré après la mort de Fidel Castro. « Je ne crois pas que cela va changer quelque chose », soupire Aymara.

« Maintenant au tour de Raul », le frère de Fidel Castro qui lui a succédé il y a dix ans à la tête du pays. « C'était un criminel, un assassin et un homme misérable », estime Hugo Ribas, 78 ans à propos de Fidel.

Pour les plus jeunes, ces manifestations de joie sont filmées sur Facebook Live ou Skype. Ainsi, disent-ils, ce moment historique peut être suivi par la famille et les amis qui vivent toujours à Cuba.

« Ceux qui disaient que l'exil est un truc de vieux peuvent voir que c'est un sentiment qui se transmet à travers les générations et que la soif de progrès et d'un Cuba démocratique concerne tous les Cubains », affirme ainsi Pablo Arencibia.