Le président élu Donald Trump a indiqué mardi avoir changé d'avis concernant l'usage de la torture, qu'il avait pourtant promis de rétablir pendant sa campagne électorale.

La torture, interdite sous l'administration de Barack Obama, «ne va pas faire tellement la différence contrairement à ce que beaucoup de gens croient», a déclaré M. Trump lors d'un entretien avec la rédaction du New York Times.

Le milliardaire explique avoir changé d'avis à propos de la torture pendant des interrogatoires, y compris la simulation de noyade, après avoir parlé avec le général à la retraite James Mattis, qu'il envisage «très sérieusement» de nommer à la tête du Pentagone.

M. Mattis «m'a dit "je n'ai jamais trouvé ça utile"», a rapporté M. Trump, et l'ancien Marine pressenti à la Défense accorde davantage de valeur à la mise en confiance et à la récompense de la coopération avec les suspects.

Le futur président a rapporté avoir été «très impressionné par la réponse» du général de 66 ans quand il lui a dit «"donnez-moi un paquet de cigarettes et deux bières, et je ferai mieux que ça"».

Le général James Mattis, connu pour son franc-parler et sa défiance vis-à-vis de l'Iran, est très apprécié à Washington. Sa nomination par le Sénat ne devrait pas poser de problème.

«Je pense qu'il est temps que ce soit un général», a affirmé mardi Donald Trump.

S'il était nommé à la tête du Pentagone, James Mattis serait le second général à diriger la défense américaine depuis le général George Marshall en 1950.

Potentiels conflits d'intérêts

Donald Trump a d'ailleurs assuré au New York Times que sa présidence ne serait pas émaillée de conflits d'intérêts, restant toutefois évasif sur les mesures concrètes qu'il entend mettre en place.

Les deux casquettes du président élu américain et patron de l'empire immobilier Trump posent depuis l'élection du 8 novembre la question cruciale d'éventuels conflits d'intérêts qui guettent le milliardaire populiste.

«En théorie, je pourrais parfaitement gérer mes affaires tout en dirigeant parfaitement le pays», a affirmé le magnat qui a fait fortune en bâtissant un vaste réseau d'hôtels et d'immeubles de luxe, selon des propos rapportés par des journalistes du quotidien new-yorkais sur Twitter.

«J'aurais pensé que vous deviez mettre en place une sorte de (blind) trust ou quelque chose du genre, mais non», a ajouté le patron de la Trump Organization, société qui chapeaute ses activités.

«J'aimerais faire quelque chose» pour séparer clairement ces deux activités, a-t-il simplement indiqué, reconnaissant que sa position était inédite et disant en substance qu'il n'a rien à se reprocher au regard de la loi.

Sur ce point, Donald Trump bénéficie en effet d'une législation américaine très souple. Le président et le vice-président peuvent ainsi combiner leurs mandats avec des activités économiques.

La Constitution interdit certes à tout responsable politique d'accepter le moindre «émolument» d'une puissance étrangère mais cette disposition n'interdit en rien d'entrer en affaires avec des partenaires privés à l'étranger.

S'exprimant toujours «en théorie», Donald Trump a expliqué mardi qu'il pourrait continuer à signer des chèques pour le compte de son entreprise, mais qu'il mettait «progressivement un terme» à cela, suggérant qu'il laissera le soin à trois de ses enfants, qui occupent déjà les fonctions de vice-président de la Trump Organization, de gérer ses affaires.

Ces dernières ne se sont jamais aussi bien portées que depuis son élection, a-t-il encore lancé au New York Times. Le Trump Hotel, son tout nouveau palace de Washington, est un «bien qui a plus de valeur» maintenant «qu'il n'en avait auparavant». Car la marque Trump, s'est-il enorgueilli, est plus «sexy» que jamais.

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La façade du Trump Hotel, à Washington, le jour de son inauguration le 12 septembre.