Des lois plus strictes sur le contrôle de la circulation des armes à feu sont liées à une réduction des homicides aux États-Unis, conclut une analyse d'une trentaine d'études publiées depuis 1970 sur ce sujet très controversé.

« Nous avons constaté que les lois réglementant plus strictement les armes à feu dans des États coïncident avec une diminution des homicides par ces armes », souligne Lois Lee, docteure à l'hôpital pour enfants de Boston au Massachusetts et professeur à la faculté de médecine de Harvard.

Elle est la principale auteure de cette étude parue lundi dans le Journal of the American Medical Association (JAMA), qui publie une série d'études sur la question des armes à feu, objet de vifs débats dans le pays où le tout puissant lobby, la National Riffle Association, s'oppose à toute réglementation contraignante au nom du droit constitutionnel des citoyens à être armés.

« Les lois qui paraissent avoir le plus grand effet semblent être celles qui renforcent le contrôle du casier judiciaire d'un acheteur potentiel et requièrent un permis pour acheter une arme », précise la Dre Lee.

Outre l'impact de ces deux mesures, plusieurs de ces 34 études se sont aussi penchées sur l'effet d'autres réglementations sur les armes à feu, comme les mesures contre le trafic, pour restreindre la circulation des armes dans les lieux publics, améliorer la sécurité pour les enfants ou encore interdire la vente des armes d'assaut.

Mais ces dernières lois ne paraissent pas avoir d'effets clairs sur les taux d'homicides, concluent les auteurs.

Selon les statistiques du ministère américain de la Justice, 11 385 personnes ont été tuées chaque année aux États-Unis par une arme à feu entre 2001 et 2011, sans compter les suicides. En 2015, il y a eu 372 fusillades de masse dans le pays qui ont fait à elles seules 475 morts et 1870 blessés.

Recul des homicides

Nombre de ces études n'ont pas étudié l'impact des différentes lois sur des périodes suffisamment longues pour pouvoir en apprécier le plein effet, déplorent néanmoins les auteurs.

Malgré ces limitations, les résultats de cette analyse confortent une étude effectuée en 2013 par ces mêmes chercheurs, selon laquelle les États qui ont les lois les plus strictes en matière d'armes à feu enregistrent les plus fortes baisses de décès par balle, que ce soit des homicides ou des suicides.

Une autre étude sur le même sujet publiée également lundi dans le JAMA indique qu'une modification d'une loi sur la légitime défense en Floride en 2005 donnant le droit aux citoyens de faire usage de leur arme dans un lieu public s'ils s'estiment gravement menacés a entraîné une hausse de 24 % du taux des homicides dans cet État.

Ces travaux menés par des chercheurs de l'Université d'Oxford à Londres et de Pennsylvanie ont analysé les taux d'homicides avant et après l'entrée en vigueur de cette loi signée par l'ancien gouverneur, le républicain Jeb Bush.

Avant 2005, la loi de Floride dite « doctrine du château » permettait le recours à une arme à feu seulement pour se défendre d'un cambrioleur menaçant à l'intérieur de son domicile.

Avant l'entrée en vigueur de ce texte, la Floride, avec une population de 19,8 millions d'habitants, avait en moyenne 82 homicides par mois, dont 49 par balle.

L'étude a déterminé que le changement de la loi a conduit à une augmentation de 24 % des meurtres entre 2005 et 2014 par rapport à la période 1999-2004, dont une hausse de 31 % des morts par arme à feu.

Ces chercheurs n'ont pas observé de progression des taux d'homicides dans quatre autres États (New York, New Jersey, Ohio et Virginie) qui n'ont pas adopté cette loi étendue de légitime défense.

En outre, les taux d'homicides aux États-Unis reculent depuis les années 1990, relèvent ces chercheurs.