Des véhicules surmontés de drapeaux confédérés qui font des rondes et une peur qui s'installe. La communauté somalienne du Minnesota exprime sa crainte des représailles après l'attaque au couteau revendiquée par le groupe État islamique qui aurait été perpétrée par un membre de cette diaspora.

Un homme a attaqué samedi à l'arme blanche plusieurs personnes dans un centre commercial de St. Cloud, dans le nord des États-Unis, faisant dix blessés avant d'être abattu par un policier qui n'était pas en service. La police fédérale américaine, le FBI, enquête sur un potentiel «acte de terrorisme», déjà revendiqué comme tel par les djihadistes de l'EI.

Bien que l'assaillant n'ait pas été officiellement identifié, la presse locale comme les responsables de la communauté somalienne affirment qu'il s'agit de Dahir Adan, un Américain de 22 ans originaire du pays de la Corne de l'Afrique.

Les porte-voix des Somaliens du Minnesota s'inquiètent de la possible fissure que pourrait créer un attentat dont ils se désolidarisent.

«Nous condamnons fermement ce qui s'est passé», a dénoncé Haji Yussuf, cofondateur du groupe militant UniteCloud, lors d'une conférence de presse. «Ceci ne reflète pas notre communauté, ce n'est pas qui nous sommes.»

Selon des témoins, plusieurs pick-up dont certains surmontés du drapeau confédéré, symbole pour beaucoup de l'Amérique raciste et esclavagiste, ont vrombi dimanche soir dans un quartier où sont installés nombre d'immigrés somaliens. Des motos sur lesquelles flottaient le même étendard faisaient également des rondes dans un autre quartier somalien.

Les «injures racistes» ont fusé autant que les «gestes de la main», a déploré Justin Michael, membre de la communauté qui travaillait avec la police pour éviter que la situation ne s'envenime.

Croisée des chemins 

Et les responsables de la communauté, comme Lul Hersi, ont immédiatement commencé à recevoir des SMS de Somaliens apeurés.

«Une personnes fait quelque chose, et toute la communauté doit payer pour les actes de cette seule personne», s'est-elle inquiétée.

Des Somaliens ont commencé à s'installer à St. Cloud dans les années 1990 et la diaspora a rapidement grandi ces dernières années.

Une expansion qui s'est accompagnée de tensions et de harcèlements.

L'an dernier, des étudiants somaliens ont manifesté à deux reprises après qu'un camarade de la même origine eut été faussement accusé sur les réseaux sociaux d'être un membre de l'EI.

Pour Ismail Ali, étudiant à l'université de St. Cloud, où Dahir Adan a également étudié, la ville se trouve à la croisée des chemins.

«Nous pouvons soit choisir de laisser la haine l'emporter et être divisés, soit choisir de se rassembler et de s'aimer et d'avancer.»

Haji Yussuf dit lui espérer que les autorités fassent rapidement la lumière sur ce qui s'est passé.

«Nous devons savoir, pour (...) nous tenir unis en tant que communauté, et pour nous assurer que cela ne se reproduise plus jamais. Nous ne devons plus voir ce genre de chose dans notre ville, donc trouvons des solutions», a-t-il affirmé.

Le groupe fondé par Haji Yussuf a pour but d'améliorer les relations entre la communauté somalienne et le reste de la population. Un travail de longue haleine qui pourrait être sapé par un acte isolé, craint-il.

«Trente années passées à construire une relation pourraient être balayées par cet acte.»