L'administration américaine a reconnu mercredi avoir versé à l'Iran en janvier l'équivalent de 400 millions de dollars en liquide, en billets d'euros et de francs suisses, mais a démenti qu'il s'agissait d'une rançon pour la libération à l'époque de cinq Américains.

Le 16 janvier dernier, l'Iran et six grandes puissances (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) mettaient en oeuvre à Vienne leur accord historique sur le nucléaire iranien scellé le 14 juillet 2015. Le 16 janvier marquait ainsi le début de la levée de sanctions internationales contre Téhéran.

Simultanément, Washington et Téhéran annonçaient un échange inédit de prisonniers: quatre Irano-Américains et un Américain, dont le correspondant du Washington Post Jason Rezaian, libérés par la République islamique contre la «clémence» des États-Unis accordée à sept Iraniens détenus.

Dans le même temps, le 17 janvier, le président Barack Obama et son secrétaire d'État John Kerry rendaient public un remboursement par Washington à Téhéran de 1,7 milliard de dollars représentant un contrat d'armement jamais honoré et datant d'avant la Révolution islamique de 1979 et la rupture des relations diplomatiques en avril 1980.

Ce remboursement, fruit d'un règlement du Tribunal arbitral de La Haye créé pour ce différend américano-iranien, se ventilait en 400 millions de dollars de dette et 1,3 milliard de dollars d'intérêts.

Mercredi, le Wall Street Journal a révélé que ces 400 millions de dollars avaient été envoyés en Iran, en billets d'euros et de francs suisses, stockés sur des palettes et chargés dans un avion de fret.

Et le quotidien d'affirmer que l'argent a servi à payer une rançon pour la libération des cinq Américains.

«Ce n'était pas une rançon», a balayé le porte-parole du département d'État Mark Toner. «Verser des rançons pour des otages est contraire à la politique des États-Unis», a insisté le porte-parole de la Maison-Blanche Josh Earnest.

Pour le département d'État «les négociations sur le règlement du contentieux du Tribunal de La Haye étaient complètement distinctes des discussions sur le rapatriement des ressortissants américains».

En revanche, M. Toner a reconnu que les 400 millions de dollars avaient bien été versés en liquide, en billets d'euros et de francs suisses, compte tenu du fait que «l'Iran était et reste encore déconnecté du système financier international».

«Nous n'avons jamais rétabli de relations bancaires directes avec l'Iran et nous n'avons franchement toujours pas l'intention de le faire», a justifié le porte-parole du département d'État.

Mais les révélations du Wall Street Journal ont été reprises par les ténors du parti républicain, en pleine campagne présidentielle, et alors que l'accord sur le nucléaire iranien voulu par le démocrate Obama avait été combattu par le Congrès aux mains des républicains.

Leur candidat à la présidentielle, Donald Trump, a sauté sur l'occasion pour accuser, dans un communiqué, «l'administration Obama d'avoir donné à l'Iran, le premier État du monde à soutenir le terrorisme, 400 millions qui sans aucun doute tomberont dans les mains de terroristes».

Et une commission de la Chambre des représentants du Congrès a aussitôt écrit à John Kerry pour qu'il vienne s'expliquer sur la «coïncidence» entre ce versement d'argent et la libération des prisonniers américains.

Le département d'État a assuré qu'il répondrait à la lettre du Congrès.