Le secrétaire d'État américain, John Kerry, a déclaré mercredi que Washington souhaitait éviter la «confrontation» en mer de Chine méridionale, où les prétentions territoriales de Pékin ont été invalidées par un tribunal international.

M. Kerry s'exprimait à l'issue d'un entretien avec le nouveau ministre philippin des Affaires étrangères, Perfecto Yasay.

Pour le chef de la diplomatie américaine, Pékin et Manille doivent engager le dialogue. «La décision en elle-même est contraignante mais nous ne cherchons pas à créer la confrontation. Nous tentons de trouver une solution en tenant compte du droit des populations établi par la loi».

La Cour permanente d'arbitrage (CPA) de La Haye a donné raison à Manille le 12 juillet en estimant que la Chine n'avait aucun «droit historique» sur cette mer stratégique.

Pékin s'est insurgé contre ce jugement et a dit qu'il ne le respecterait pas.

Mais Washington voit dans cette décision «l'opportunité» pour les pays ayant des revendications sur la zone de régler leurs différends de manière pacifique, a dit le chef de la diplomatie. «Nous espérons assister à un processus qui réduira la portée géographique des disputes maritimes, instaurera un code de conduite dans les zones contestées, conduira à des solutions mutuellement acceptables, peut-être même à une série de mesures susceptibles d'établir la confiance».

Le Vietnam, la Malaisie, Brunei et Taïwan ont également des revendications sur la mer de Chine méridionale, réputée riche en hydrocarbures et par où transitent 4,5 milliards d'euros de fret annuel. La CPA avait été saisie en 2013 par le précédent gouvernement philippin de Benigno Aquino.

M. Kerry, arrivé à Manille mardi après un forum régional au Laos, a rencontré ensuite le président philippin Rodrigo Duterte.

Selon Ernesto Abella, porte-parole du chef de l'État philippin, ce dernier a évoqué avec M. Kerry la guerre contre la drogue et la criminalité qu'il mène. M. Kerry a promis 32 millions de dollars (29 millions d'euros) d'assistance américaine pour «l'entraînement et les services» en vue de renforcer le règne de la loi aux Philippines.

Avant la rencontre, le secrétaire d'État américain avait déclaré: «Les droits civiques et humains doivent être protégés et nous devons oeuvrer à assurer la sécurité dans nos sociétés».

M. Duterte a été élu à l'issue d'une campagne sécuritaire outrancière pendant laquelle il a promis de faire abattre les trafiquants de drogue supposés.

Depuis le 30 juin, la police a annoncé avoir abattu plus de 200 personnes.