Exigeant que «justice soit faite», appelant à «Arrêtez d'exécuter les Noirs», des centaines de manifestants se sont rassemblés jeudi à Saint Paul, dans le nord des États-Unis, pour protester contre la mort d'un automobiliste afro-américain abattu la veille par la police.

Certains essuyaient des larmes tandis que d'autres disaient leur colère après la mort de Philando Castile, abattu mercredi sous les yeux de sa compagne et de la fillette de cette dernière non loin de Saint Paul, à Falcon Heights, lors d'un contrôle de police pour un phare cassé.

La foule, composée de personnes de toutes les origines et âges, était rassemblée devant la résidence du gouverneur de l'État du Minnesota. Sur les T-shirts et pancartes faites à la main, on pouvait aussi lire «Mains en l'air, ne tirez pas» et «Black Lives Matter» («Les vies des Noirs comptent»), du nom du mouvement qui dénonce les abus policiers contre les Afro-Américains aux États-Unis.

La mort de cet employé de cantine scolaire de 32 ans, filmée par sa compagne, a ravivé le spectre du racisme dans la police américaine, régulièrement accusée de brutalités envers les Afro-Américains.

«Philando Castile servait à manger à mes fils. La police lui a servi quatre balles. Black Lives Matter», pouvait-on lire sur la pancarte de Jess Banks, une habitante de Saint Paul.

Cheveux teints en rose et violet, cette femme blanche de 41 ans a confié ne pas savoir comment annoncer sa mort à ses fils, qui vont à l'école primaire où travaillait Castile. Derrière elle, des fillettes blanches et afro-américaines jouaient ensemble à l'ombre d'un arbre.

«Un gentil»

Plus tard, quelque 1500 manifestants se sont rassemblés devant l'école J.J. Hill Montessori Magnet School qui employait le jeune homme, pour une veillée.

«Notre nation va mal», a lancé Valerie Castile, sa mère aux manifestants. «Nos enfants afro-américains sont sur la liste des espèces en voie de disparition», a-t-elle ajouté.

Semblant s'adresser à l'agent qui a tiré sur son fils, elle a ensuite dit: «Vous avez dégainé votre arme, alors qu'il ne faisait que ce que vous lui aviez demandé!».

Diamond Reynolds, la compagne de Castile, également présente au rassemblement, avait plus tôt raconté comment, après les avoir été arrêtés à cause d'un phare cassé, le policier avait émis des demandes contradictoires, exigeant que la victime lève les mains en l'air, mais aussi qu'elle présente ses papiers d'identité, qui se trouvaient dans sa poche arrière.

Sous la pluie, le maire de la ville Chris Coleman a dénoncé cette mort, disant que les jeunes Afro-Américains «ne savent pas où placer leurs mains» lors d'interpellations «parce que tout geste peut provoquer des tirs» de la police.

«C'est inacceptable ici à Saint Paul. C'est inacceptable à Baton Rouge. C'est inacceptable à Ferguson. C'est inacceptable à New York. C'est inacceptable partout dans ce pays», a-t-il ajouté, égrenant comme dans une litanie les lieux marqués depuis deux ans par la mort d'hommes afro-américains tués par des policiers, dont celle à Baton Rouge (Louisiane, sud) survenue la veille du décès de Philando Castile.

En larmes, ses collègues de l'école «ont évoqué la mémoire de «M. Phil» --son surnom dans l'établissement scolaire--, le décrivant comme «un gentil».

Les deux petits-fils de Tammi Curtis, 50 ans, fréquentaient l'école J.J Hill Montessori Magnet. Agés de huit et onze ans, ils étaient trop choqués pour assister au rassemblement, a-t-elle expliqué. «C'est une tragédie».

Des membres du clergé étaient venus prier à la veillée. Parmi eux, le pasteur Peter Christ a expliqué qu'il officiait à Roseville, non loin du lieu où a été abattu Philando Castile. «Nous devons être davantage capables de voir nos voisins comme Dieu les voit, comme il nous voit», a-t-il dit.