Des informations sur la possible homosexualité d'Omar Mateen ont apporté un éclairage nouveau sur la tuerie d'Orlando, en Floride, dans une boîte de nuit gaie, qui a fait 49 morts dimanche.

Le quotidien Orlando Sentinel a cité lundi plusieurs témoins assurant que l'auteur de la fusillade la plus meurtrière de l'histoire des États-Unis, qui a également fait 53 blessés, était un habitué de la discothèque Pulse, où il a frappé dimanche.

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Il s'y serait même fait remarquer à plusieurs reprises par son agressivité, liée à une consommation excessive d'alcool.

Parallèlement, un client régulier du Pulse a assuré au Los Angeles Times que le jeune homme de 29 ans, américain d'origine afghane, utilisait le réseau social gai Jack'd.

Autre témoignage troublant, celui d'un ancien élève de sa promotion à l'académie de police d'Indien River Community College, où il a étudié en 2006, qui a assuré au quotidien Palm Beach Post qu'Omar Mateen lui avait fait des avances.

« Il nous fréquentait »

Par exemple, un couple homosexuel a affirmé avoir aperçu Mateen au moins une dizaine de fois au Pulse. Ty Smith et Chris Callen confirment eux aussi que le meurtrier a souvent été expulsé de l'endroit parce qu'il était ivre. Ils se souviennent aussi d'un incident au cours duquel Mateen a pointé un couteau vers un ami.

Tous deux disent avoir été fort surpris de voir son visage à la télévision. « C'est le même gars, a assuré M. Callen, qui est Kristina McLaughlin sur scène. Il fréquentait la discothèque depuis au moins trois ans ».

Le couple a exprimé son scepticisme au sujet de ce qu'a raconté le père de Mateen dans les heures qui ont suivi l'attaque. Selon ce dernier, son fils aurait été scandalisé par deux hommes qui s'embrassaient à Miami.

MM. Smith et Callen affirment que Mateen a vu à plusieurs reprises des hommes en train de s'embrasser.

« C'est des conneries. Sans vouloir vous insulter, c'est des conneries. Il nous fréquentait, a dit M. Smith. Et il y a des gens qui faisaient plus que s'embrasser dans la discothèque. Il faisait la fête avec des gens qui l'ont poussé à commettre cela ? »

Il ajoute que le visiteur occasionnel arrivait parfois avec un ami et se relâchait d'une façon qu'il ne pouvait pas le faire auprès de sa famille. « Il pouvait vraiment s'enivrer. Il ne pouvait pas être saoul chez lui, autour de sa femme ou de sa famille. Son père était vraiment strict. Il s'en plaignait souvent. »

Aucun des deux témoins n'a voulu spéculer sur la vie sexuelle de l'homme qui aurait appelé le 9-1-1 de l'intérieur de la discothèque pour professer son allégeance à un leader islamiste du Moyen-Orient.

Tous deux ont mis en doute la version du père de Mateen.

Un spectacle de travestis

Selon le site de nouvelle The Daily Beast, le meurtrier mangeait souvent dans un restaurant dont le serveur était un ancien collègue de classe ouvertement gai. Ce dernier, Samuel King, a dit que Mateen était quelqu'un d'amical qui ne parlait jamais contre les homosexuels et qui avait même été le voir dans un spectacle de travestis à quelques reprises.

Dans des entrevues séparées, MM. Callen et Smith ont décrit un incident qui les avait troublés.

Ils disent avoir pris leur distance avec Mateen après l'avoir vu se mettre en colère contre un de ses amis qui lui avait raconté une blague. « Il a sorti un couteau, se souvient M. Callen. Il l'a menacé en lui disant que s'il le provoquait de nouveau, il savait comment cela se terminerait ».

Radicalisation?

Ces assertions pourraient relativiser la thèse de la radicalisation du tireur, privilégiée jusqu'ici.

Elles vont vraisemblablement compliquer la compréhension des ressorts psychologiques qui ont poussé cet agent de sécurité né à New York à passer à l'acte.

Lundi, le président américain Barack Obama, qui se rendra jeudi à Orlando, avait indiqué que l'enquête faisait apparaître un Omar Mateen « inspiré par diverses sources d'information extrémistes sur l'internet ».

Il n'existe pas, à ce stade, de « preuves claires » laissant à penser que ce père de famille « était dirigé depuis l'extérieur » ou « qu'il faisait partie d'un complot plus vaste », avait expliqué le président des États-Unis.

« Il a annoncé son allégeance à l'EI (groupe Etat islamique) à la dernière minute, mais il n'existe pas de preuve à ce stade qu'il ait été dirigé par eux », a insisté le président.

L'EI a pourtant confirmé lundi sur sa radio la revendication du massacre d'Orlando.

Les noms des 49 morts connus

Omar Mateen avait été suivi par le FBI, qui l'avait interrogé à trois reprises, en 2013 et 2014, pour « d'éventuels liens avec des terroristes ».

Mais ces enquêtes avaient été classées sans suite.

L'hypothèse d'une piste homosexuelle, si elle prenait de l'ampleur, pourrait dégager le FBI de la position difficile dans laquelle il se trouve, pour avoir observé la radicalisation d'Omar Mateen sans prévenir un passage à l'acte.

Elle ne change rien, en revanche, au débat sur le contrôle des armes à feu, que cet attentat a relancé.

« Si le FBI vous surveille pour liens terroristes présumés, vous ne devriez pas être en mesure d'acheter une arme à feu, un point c'est tout », s'est insurgée lundi la candidate démocrate à la Maison-Blanche Hillary Clinton.

La Maison-Blanche a annoncé lundi soir que Barack Obama se rendrait jeudi à Orlando pour « rendre hommage aux familles des victimes et montrer sa solidarité avec la communauté ».

Il trouvera une ville meurtrie, qui connaît depuis lundi soir, le nom des 49 personnes tombées sous les balles d'Omar Mateen.

Parmi les victimes, âgées de 18 à 50 ans, figurent de nombreux noms à consonance hispanique.

La plus jeune, Akyra Murray, âgée de 18 ans, était à Orlando pour fêter son diplôme de fin d'études secondaires, obtenu la semaine précédente.

Lundi soir, plusieurs milliers de personnes se sont retrouvées devant le Phillips Center, la principale salle de spectacle d'Orlando, pour un hommage aux clients du Pulse, morts pour avoir voulu passer une soirée dans une boîte de nuit gaie.

Des dizaines de cérémonies ont eu lieu dans tout le pays, notamment à New York où ils étaient plusieurs milliers devant le Stonewall Inn, bar historique de la lutte pour les droits des homosexuels.

- Avec La Presse Canadienne

PHOTO AP

Omar Mateen