L'Américain d'origine afghane à l'origine du plus sanglant attentat aux États-Unis depuis le 11-Septembre, révulsé à la vue d'homosexuels qui s'embrassent et soupçonné d'avoir prêté allégeance au groupe État islamique, est décrit par ses proches comme impulsif et instable.

Qu'avait en tête Omar Seddique Mateen, 29 ans, lorsqu'il s'est engouffré armé d'un fusil d'assaut et d'une arme de poing dans le Pulse, cette boîte gai d'Orlando où les balles ont raflé dimanche cinquante vies et fait 53 blessés?

Le FBI, qui a ouvert une enquête pour «terrorisme», le soupçonne d'avoir prêté «allégeance» à l'EI dans un appel passé aux secours quelques instants avant le massacre. La police fédérale l'avait interrogé à plusieurs reprises, en 2013 et 2014, pour «d'éventuels liens avec des terroristes». Mais sans suite.

Sa famille, elle, lui reconnaît bien des travers mais jure que son acte n'était en rien lié à la religion. Évoquant un passé marqué par les violences conjugales, son ex-compagne ne l'avait elle jamais entendu soutenir le terrorisme.

Né à New York en 1986, le jeune homme déménage par la suite avec sa famille en Floride, où il entreprend des études de droit à l'université d'État Indian River.

En 2009, il se marie à sa première femme, dont il divorcera en 2011, selon des documents de justice consultés par l'AFP. Il s'était remarié et était père d'un enfant.

«Il voulait être policier»

«Au début, c'était quelqu'un de normal qui tenait à sa famille, adorait plaisanter. Adorait s'amuser. Mais quelques mois après que nous nous soyons mariés, j'ai vu qu'il était instable, bipolaire et qu'il s'énervait sans raison», a témoigné dimanche son ex-femme, Sitora Yusufiy, lors d'une conférence de presse depuis Boulder dans le Colorado, où elle est désormais installée.

Omar Seddique Mateen était musulman pratiquant, selon Sitora Yusufiy qui a toutefois assuré ne l'avoir jamais entendu faire l'apologie du terrorisme. «Il n'y avait absolument aucun signe» que ses amis soient des radicaux lorsque le couple vivait à Fort Pierce, en Floride, a-t-elle dit.

«Il voulait être policier alors il s'entraînait avec ses amis qui étaient policiers et il avait un permis de port d'arme valide en Floride», a-t-elle ajouté.

Il a travaillé comme gardien dans un établissement pour délinquants juvéniles, ce qui lui avait permis d'obtenir le permis. Puisqu'elles ont été classées sans suite, les enquêtes du FBI ne l'ont pas empêché d'acheter les armes légalement, a souligné la police fédérale.

Homophobie viscérale

Son père, lui, plaide pour une homophobie viscérale.

«Nous étions dans le centre-ville de Miami (...). Et il a vu deux hommes qui s'embrassaient devant les yeux de sa femme et son enfant, et il est devenu très énervé», a confié Mir Seddique à la chaîne NBC.

«Ils s'embrassaient et se touchaient et il a dit: "Regarde ça. Devant mon fils, ils font ça"», a-t-il ajouté, assurant que la fusillade de dimanche n'avait «rien à voir avec la religion».

L'ex-femme d'Omar Mateen, elle, avait senti la violence monter. Au point d'appeler ses parents à l'aide. Ces derniers ont fini par l'exfiltrer de l'appartement conjugal. Sitora Yusufiy avait ensuite alerté la police.

«Il était instable mentalement, et malade mentalement», a-t-elle confié aux médias, évoquant aussi le fait que son ex-mari prenait des stéroïdes. «Il était évidemment dérangé, profondément, et traumatisé».

Elle n'a plus jamais revu l'homme à l'origine du massacre d'Orlando. «Ma famille m'a littéralement sauvée», a-t-elle dit.

D'autres n'ont pas eu cette chance.

PHOTO TIRÉE DE TWITTER

Omar Mateen