Un ancien policier de Caroline du Sud a été inculpé par la justice fédérale américaine pour avoir abattu l'an dernier un automobiliste noir non armé, un drame qui avait relancé les manifestations dénonçant la violence policière aux États-Unis.

Un grand jury fédéral a formellement mis en accusation mardi Michael Slager pour privation de droits d'autrui dans l'exercice de ses fonctions, utilisation d'une arme en commettant un acte violent et obstruction à la justice.

Il risque la prison à vie et une amende de 250 000 dollars pour la violation des droits civiques.

Par ailleurs, son procès pour meurtre dans une juridiction locale doit s'ouvrir le 31 octobre. Il risque la peine de mort ou la prison à vie s'il était reconnu coupable dans ce volet.

«C'est un triste jour pour moi», a réagi la mère de la victime, Judy Scott, confiant toutefois que les chefs d'inculpation étaient une réponse à ses prières.

«Ils ont encore tenté de couvrir» les faits, a-t-elle lancé. «Mais il est temps que le voile soit levé. Je remercie Dieu que ce soit mon fils qui ait servi à lever le voile.»

Michael Slager avait été renvoyé de la police de North Charleston, dans le sud-est des États-Unis, au lendemain de son arrestation et de son inculpation par la justice de l'État de Caroline du Sud pour le meurtre de Walter Scott, un homme noir de 50 ans.

Cette arrestation était intervenue le 7 avril après la diffusion d'une vidéo amateur sur laquelle on le voyait tirer le 4 avril à huit reprises dans le dos de M. Scott --atteint par cinq balles-- qui avait pris la fuite en courant. Le policier avait arrêté le véhicule conduit par Walter Scott pour un phare brisé.

L'ancien policier «a tiré sur Walter Scott sans justification légale, le privant sciemment de son droit, assuré et protégé par la Constitution des États-Unis, de ne pas faire les frais d'une utilisation injustifiée de la force par un policier», souligne l'acte d'accusation déposé par un tribunal fédéral de Charleston.

D'après le document, l'ex-policier, désormais âgé de 34 ans, «a, en toute connaissance, induit en erreur (...) les enquêteurs en affirmant à tort avoir tiré avec son arme sur Scott tandis que Scott venait vers lui avec un taser», un pistolet à impulsion électrique.

«En vérité et dans les faits, comme l'accusé Michael Slager le savait alors pertinemment, il a fait feu avec son arme à plusieurs reprises sur Scott pendant que Scott s'éloignait de lui en courant», a relevé le document de justice.

Ce drame avait relancé le débat sur l'opportunité d'équiper les policiers de mini-caméras individuelles, dans un contexte de tensions raciales ravivées par plusieurs bavures policières ayant provoqué des dizaines de manifestations aux États-Unis, virant parfois à l'émeute.

Le mécontentement de la population avait été d'autant plus grand que les policiers ayant brutalisé ou tué des hommes noirs non armés n'avaient pour la plupart pas été inculpés.