Les autorités américaines examinaient lundi les informations publiées dans l'affaire des «Panama Papers», la Maison-Blanche, prudente, se bornant à insister sur la nécessité d'une «plus grande transparence» dans les transactions internationales.

«Nous sommes au courant des publications et sommes en train de les examiner», a déclaré à l'AFP Peter Carr, porte-parole du département de la Justice (DoJ).

«Si nous ne pouvons faire de commentaires sur des éléments spécifiques contenus dans ces documents, le département de la Justice prend très au sérieux toutes allégations crédibles portant sur la corruption étrangère qui aurait pu avoir un lien avec les États-Unis ou le système financier américain», a-t-il ajouté.

M. Carr n'a pas souhaité dire si les autorités américaines allaient formellement ouvrir une enquête.

L'enquête d'un consortium de journalistes d'investigation sur les «Panama Papers», qui a commencé à être divulguée dimanche, révèle une liste mondiale de personnalités ayant utilisé les services d'un cabinet d'avocat panaméen pour créer des sociétés extraterritoriales.

Les noms des banques helvètes Credit Suisse et UBS, britannique HSBC et française Société Générale ont été cités dans cette affaire.

M. Carr n'a pas indiqué si les accords conclus avec UBS et Credit Suisse, accusées d'avoir aidé par le passé de riches Américains à échapper au fisc de leur pays, pouvaient être remis en cause par cette nouvelle affaire.

Contacté par l'AFP, le régulateur des services financiers de l'État de New York (DFS), qui a une autorité sur les établissements financiers opérant à Wall Street, n'a pas souhaité faire de commentaires dans l'immédiat.

Refusant lui aussi de s'exprimer sur le contenu de ces documents, le porte-parole de la Maison-Blanche Josh Earnest a indiqué que les États-Unis souhaitaient continuer à se battre en faveur «d'une plus grande transparence dans le système financier international» afin en particulier de lutter contre la corruption.

«À ce stade, il est difficile de dire si (la publication des documents) est une chose positive», a-t-il ajouté, soulignant en particulier que des questions demeuraient sur la façon dont ces derniers avaient été rendus public.

Le président français François Hollande avait, lui, estimé un peu plus tôt que cette publication était «une bonne nouvelle», remerciant explicitement les lanceurs d'alerte et la presse.

Pour l'ONG Jubilee USA, spécialiste des questions fiscales et de dette, «la corruption et le blanchiment d'argent ne sont pas des crimes sans victimes».

«Les gens les plus vulnérables dans le monde sont affectés par le secret financier», fustige Éric LeCompte, directeur de l'ONG, qui plaide pour un durcissement de la législation américaine en la matière.

«Le congrès devrait voter une loi pour rendre difficile la création de sociétés anonymes ici aux États-Unis (car) ces entreprises alimentent la corruption, la pauvreté, le trafic des humains et les conflits armés», dénonce M. LeCompte dans un communiqué.