La Géorgie a renoncé lundi à entériner une loi discriminatoire envers les homosexuels sous la pression de l'opinion et de grandes entreprises, tandis qu'un débat de même nature fait rage en Caroline-du-Nord.

Le projet de loi autorisait notamment les membres d'une congrégation religieuse à refuser d'embaucher quelqu'un, d'admettre une personne dans une de leurs écoles ou de louer un lieu sur la base de leurs convictions religieuses.

Le texte avait été adopté par les deux chambres de cet État du sud-est, mais le gouverneur républicain Nathan Deal a annoncé lundi qu'il y mettait son veto, après avoir laissé planer l'incertitude durant plusieurs semaines.

«Je ne pense pas que nous ayons besoin de discriminer pour protéger la communauté des croyants de Géorgie, dont ma famille et moi-même avons fait partie toute notre vie», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

Nathan Deal s'est défendu d'avoir cédé à la pression de l'opinion et à celle de nombreux grands groupes américains, qui avaient pressé publiquement le gouverneur de faire échec au texte.

Le scénario de Géorgie fait néanmoins écho à plusieurs autres, intervenus dans de nombreux États américains ces derniers mois.

Aux alentours de l'arrêt historique de la Cour suprême ayant légalisé le mariage homosexuel fin juin 2015, plusieurs États conservateurs ont cherché à faire évoluer leurs lois pour permettre à leurs administrés de contourner cette évolution.

La montée du débat public autour des personnes transgenres s'est également traduite par la présentation de textes visant à restreindre les possibilités de s'affranchir de son identité sexuelle à la faveur de son identité de genre.

Caroline-du-Nord sous pression

C'est ce volet qui a été abordé en Caroline-du-Nord dans une loi ratifiée mercredi par le gouverneur de l'État, le républicain Pat McCrory.

Elle empêche toute collectivité locale de l'État de prendre de nouvelles mesures anti-discriminatoires, et impose l'utilisation des toilettes publiques correspondant à l'identité sexuelle.

Une mobilisation similaire à celle de Géorgie est à l'oeuvre en Caroline-du-Nord, pour l'instant sans succès.

La ligue professionnelle américaine de basket-ball NBA a prévenu que le maintien de la loi pourrait avoir des conséquences sur le All-Star Game 2017, match de gala prévu à Charlotte.

Ed Lee, maire démocrate de San Francisco, a annoncé lundi que la municipalité ne financerait plus de voyages en Caroline-du-Nord pour ses employés.

Andrew Cuomo, gouverneur de l'État de New York - quatrième plus peuplé des États-Unis -, a fait de même : plus de financement public des voyages non essentiels en Caroline-du-Nord, jusqu'à ce que la loi soit abrogée. Comme il l'avait fait pour l'Indiana.

Plusieurs associations, notamment l'Union américaine pour les libertés civiques (ACLU), ont annoncé qu'elles déposeraient un recours pour empêcher la promulgation de cette loi.

Les exemples de succès de campagnes publiques contre des textes discriminatoires se sont multipliés ces derniers mois, comme dans le Dakota du Sud, où le gouverneur républicain Dennis Daugaard a mis son veto début mars à une loi restreignant de fait les droits des personnes transgenres.

Début 2014, Jan Brewer, gouverneure républicaine de l'Arizona, autre destination touristique prisée, avait renoncé à promulguer un texte qui aurait permis à toute entreprise ou commerce de servir des clients homosexuels ou lesbiennes en fonction de ses convictions.

Cette fois, plusieurs grands groupes avaient pris part au débat et certains avaient menacé l'Arizona de mesures de rétorsion économiques.

En Géorgie, Time Warner, Sony, mais aussi des sociétés industrielles comme Dow Chemicals, Unilever et Intel, avaient pressé le gouverneur de ne pas ratifier le texte. Disney avait menacé d'«aller travailler ailleurs» que dans cet État.

Il s'agit d'un pas supplémentaire pour les entreprises qui s'engageaient déjà depuis plus de dix ans dans des comportements responsables sur les plans social et environnemental, a souligné Melissa Dodd, professeur à l'université Central Florida (UCF).

«Les millenials, qui pèsent le plus en termes de pouvoir d'achat, (...) attendent des sociétés qu'elles s'engagent sur des sujets qu'ils estiment importants comme le mariage pour les personnes de même sexe ou les droits des communautés LGBT», lesbiennes, homosexuels, bisexuels, transgenre, a-t-elle expliqué.