Le président américain Barack Obama s'est recueilli vendredi devant la dépouille du juge Antonin Scalia lors d'un hommage solennel organisé à la Cour suprême des États-Unis, où étaient attendus des centaines d'élus et de personnalités ainsi que des milliers d'anonymes.

Vêtus de noir, l'air grave, Barack Obama et son épouse Michelle se sont recueillis dans l'après-midi devant le cercueil recouvert du drapeau américain où reposait le corps du magistrat conservateur, l'un des neuf sages de la plus haute instance judiciaire américaine.

La dépouille avait été installée dès 9 h 30 (14 h 30 GMT) dans le grand hall de l'édifice à colonnes qui fait face au Capitole, sur un catafalque qui avait accueilli le cercueil d'Abraham Lincoln en 1865. Les huit autres magistrats de la Cour suprême ont observé un moment de silence, debout, dans l'ordre où ils siègent.

Le président a été critiqué après avoir fait savoir qu'il ne se rendrait pas aux obsèques du juge Scalia samedi, à la basilique du sanctuaire national de l'Immaculée Conception de Washington. Le vice-président américain Joe Biden, lui-même catholique, sera en revanche présent.

Antonin Scalia est mort samedi au Texas, à l'âge de 79 ans, plongeant dans l'incertitude la Cour suprême, qui est censée trancher prochainement des questions brûlantes de société - notamment sur l'immigration, le syndicalisme et l'avortement - dans un contexte électoral explosif.

Nommé par le président Ronald Reagan en 1986, il a incarné durant trois décennies les thèmes les plus chers à l'Amérique conservatrice, en matière de famille, de religion ou de maintien de l'ordre.

Père de neuf enfants, ce catholique traditionaliste était ouvertement opposé à l'avortement et à l'union homosexuelle, mais favorable à la peine de mort et au port d'armes individuelles.

L'un de ses fils, prêtre, a dirigé vendredi une brève cérémonie religieuse avant que le public soit admis dans l'édifice.

La disparition d'Antonin Scalia a immédiatement déclenché une vive controverse politique, les principaux candidats républicains à la Maison-Blanche affirmant que la nomination de son successeur devrait être faite par le prochain président.

M. Obama, qui au contraire a affiché sa détermination à nommer ce successeur, peut donc s'attendre à une obstruction du Sénat, contrôlé par les républicains.

Après avoir informé formellement les chefs républicain et démocrate du Sénat de son intention, le président commencera à étudier dès ce weekend les possibles candidatures pour remplacer le juge Scalia, a indiqué la Maison-Blanche vendredi. Ce processus pourrait prendre quelque quatre à cinq semaines.

« L'équipe du président a passé beaucoup de temps cette semaine à lui préparer des dossiers et je m'attends à ce que le président commence, ce week-end, à étudier ces documents », a indiqué le porte-parole de la Maison-Blanche Josh Earnest. « Ces documents portent sur certains candidats potentiels. Ils incluent des informations sur leur parcours, leur carrière professionnelle et leur expérience professionnelle. »

« Le président consultera un vaste éventail d'individus qui ont eux-mêmes un vaste éventail de points de vue pour choisir son candidat », a dit Josh Earnest aux journalistes.