Impossible d'y échapper: les candidats aux primaires présidentielles américaines occupaient le terrain et les ondes de l'Iowa ce week-end avant le vote de lundi. Donald Trump et Hillary Clinton sont en tête des sondages, mais pas assez pour prédire une victoire certaine.

Le dernier sondage est tombé samedi soir. La démocrate Hillary Clinton, après une entrée triomphale en campagne en avril dernier, n'est plus la préférée que de 45% des démocrates de l'Iowa ayant l'intention de participer aux «caucus» de lundi soir, selon l'enquête du journal local Des Moines Register.

Ce sondage traditionnel ne s'est «trompé» qu'une fois depuis 1988, en 2012 chez les républicains.

Le sénateur Bernie Sanders a séduit la jeunesse démocrate avec sa dénonciation de la «classe des milliardaires» et son appel à une révolution politique. Il talonne l'ex-secrétaire d'État avec 42% des électeurs. La marge d'erreur est de quatre points.

Si les étudiants qui remplissent par milliers les salles pour Bernie Sanders se mobilisaient lundi, ils pourraient renverser l'avantage qu'a Hillary Clinton chez les plus de 45 ans.

«Si les gens viennent voter, je pense que nous aurons l'un des plus grands bouleversements politiques de l'histoire récente», a-t-il déclaré dimanche sur CNN.

Dans une ambiance moins électrique, Hillary Clinton multiplie aussi les déplacements, trois samedi et trois dimanche, épaulée par son mari Bill et leur fille Chelsea.

Elle exhorte les démocrates à choisir l'expérience plutôt que la nouveauté, et rappelle aux électeurs qu'en plus d'un président, ils éliront un «commandant en chef», façon peu subtile de rappeler que Bernie Sanders n'a aucune autre expérience exécutive que celle de maire de Burlington, dans le Vermont.

«Hillary est résistante», a vanté l'ancienne parlementaire démocrate Gabrielle Giffords, grièvement blessée par un tireur à la tête en 2011, et militante d'un durcissement des lois sur les armes, lors d'un meeting sur un campus universitaire à Ames. «A la Maison-Blanche, elle tiendra tête au lobby des armes».

La course avec Sanders «est serrée», a reconnu Mme Clinton dimanche sur ABC, mais ses supporters ont mené «une extraordinaire campagne de terrain», a-t-elle ajouté.

Marco Rubio, troisième homme 

Douze républicains et trois démocrates sillonnent le petit Iowa, parfois dans les mêmes villes à quelques heures d'écart.

Une tempête de neige n'est heureusement annoncée que pour la nuit de lundi à mardi, après les consultations qui auront lieu lundi à 19H00 locales dans des milliers de bureaux de vote.

Côté républicain, Donald Trump recueille 28% des intentions de vote dans l'enquête du Des Moines Register. Son ennemi déclaré est le sénateur du Texas Ted Cruz, premier choix de 23% des électeurs républicains.

Cruz «était citoyen canadien jusqu'à il y a 15 mois» et cela rend son accession à la Maison-Blanche juridiquement problématique, ne cesse-t-il de répéter.

«Il est 100% dans la poche» des industriels pétroliers et d'autres «intérêts particuliers» qui lui ont prêté de l'argent, a-t-il aussi pilonné sur ABC dimanche matin.

Mais le sénateur du Texas semble en passe de consolider le soutien de la droite religieuse, une remarquable ascension pour un candidat qui n'a siégé que trois ans au Sénat, et était jugé trop extrémiste il y a quelques mois pour se hisser sur un podium.

Avec Trump, «nous avons des opinions très différentes sur la (défense de la) vie, le mariage, la liberté religieuse» ou «Obamacare et l'amnistie» des sans-papiers, a-t-il clamé dimanche matin sur CNN.

Des dizaines de pasteurs évangéliques et de personnalités du mouvement chrétien conservateur le soutiennent, et le candidat affirme disposer de milliers de bénévoles.

Ce sera le lot de nombreux habitants de l'Iowa dimanche et lundi: répondre aux coups de téléphone et visites des équipes des candidats qui veulent assurer qu'ils se déplaceront lundi soir.

En troisième place chez les républicains avec 15% des intentions de vote, le sénateur de Floride Marco Rubio, d'origine cubaine, rassemble des foules importantes, et est souvent cité comme second choix tant par les partisans de Ted Cruz que ceux de Donald Trump.

«Vous avez le droit d'être en colère», a-t-il dit samedi à Ames. «Mais la colère n'est pas un programme».

Trump, «est très distrayant» mais «la campagne n'est pas là dessus, elle est sur les problèmes sérieux auxquels le pays est confronté», a-t-il dit dimanche sur CNN.

Quant à Cruz, «il cherche toujours à prendre la position qu'il faut pour gagner des voix et pour lever de l'argent», a-t-il averti.

Après l'Iowa, les candidats s'envoleront pour le New Hamsphire, dans le nord-est, où les primaires auront lieu le 9 février.

PHOTO REUTERS

Ted Cruz a rencontré des supporters dimanche à Iowa City.