Le meneur des militants armés qui occupent illégalement depuis trois semaines un parc naturel dans l'Oregon et qui avait été arrêté par la police, a appelé mercredi les derniers manifestants à rentrer chez eux.

«S'il vous plaît, renoncez. Rentrez chez vous embrasser vos familles. Ce combat est maintenant le nôtre devant les tribunaux», a déclaré Ammon Bundy dans un communiqué publié par son avocat Michael Arnold.

Le shérif chargé de mettre fin à cette occupation, motivée par une contestation de l'autorité fédérale, avait auparavant mis en garde ces hommes armés et coiffés de chapeaux de cow-boys contre un «bain de sang», exigeant le départ des derniers manifestants encore sur place.

Cet avertissement a été lancé au lendemain d'une intervention policière qui s'est soldée par un mort et huit arrestations chez les protestataires, signe que les autorités pourraient avoir décidé que le temps du dialogue a vécu.

Ammon Bundy, âgé de 40 ans, et son frère Ryan, 43 ans, font partie des huit personnes arrêtées.

«Il est temps pour tout le monde de passer à autre chose. Il ne doit pas y avoir de bain de sang dans notre communauté», a déclaré le shérif du comté de Harney, Dave Ward, visiblement ému.

«Si certains ont des problèmes avec la manière dont fonctionnent les choses dans notre gouvernement, notre responsabilité en tant que citoyens est d'agir de manière convenable», a-t-il ajouté.

«Cela ne se fait pas de prendre les armes (y compris) pour se rebeller. Il existe des canaux appropriés», a insisté le shérif Ward lors d'une conférence de presse.

Le FBI et la police locale ont lancé mardi une opération au parc national Malheur pour arrêter certains des hommes armés, constitués en milice, qui avaient investi le site naturel.

«Des coups de feu ont été tirés» et une personne que les policiers cherchaient à arrêter est morte, selon la police.

D'après Ammon Bundy, il s'agirait d'un militant, Robert «LaVoy» Finicum, qui n'a pas encore été formellement identifié par les autorités. Dans son communiqué, Ammon Bundy le qualifie de «plus grand des patriotes».

«Tuez-les»

Au total, cinq personnes ont été arrêtées à un feu sur l'autoroute 395, deux ailleurs dans l'Oregon, et une dans l'Arizona.

Les occupants du parc, un groupe disparate d'exploitants agricoles, d'éleveurs anti-gouvernementaux et de partisans des thèses «survivalistes» (qui se préparent à une hypothétique catastrophe, ndlr), réclament la «restitution» des terres fédérales du parc Malheur «au peuple».

Des militants étaient toujours sur place mercredi et ont diffusé une vidéo réalisée depuis le parc, retransmise par le journal local The Oregonian. «S'ils (les forces de l'ordre, ndlr) vous empêchent de venir ici, tuez-les», hurle un des manifestants à la caméra.

La semaine passée une trentaine de personnes, dont des femmes et des enfants, occupaient le parc Malheur, mais on ne sait pas combien occupaient toujours les lieux mercredi.

Les frères Bundy sont les fils d'un célèbre militant antigouvernemental, Cliven Bundy, personnage raciste et haut en couleurs qui a déjà affronté les autorités.

Ryan Bundy, qui a été légèrement blessé lors de l'affrontement avec la police, a été brièvement hospitalisé avant d'être placé en détention.

Selon la chaîne CNN, l'incident a débuté lorsque des policiers ont arrêté deux voitures transportant des manifestants lors d'un contrôle routier. Les manifestants ont obtempéré et se seraient rendus, à l'exception de deux d'entre eux, Ryan Bundy et Robert «LaVoy» Finicum. Des tirs ont éclaté, mais on ignore qui, des policiers ou des militants, a dégainé en premier.

Le New York Times précise que les militants étaient en route pour une réunion publique dans les environs de Burns, où Ammon Bundy devait faire un discours.

L'occupation du parc de Malheur, dans une région retirée et rurale de l'Oregon, a commencé le 2 janvier à la suite d'une manifestation de soutien à deux éleveurs locaux, condamnés à des peines de prison pour avoir mis le feu à des terres fédérales.

Ces deux éleveurs, Dwight Hammond et son fils Stephen, se sont rendus dans l'établissement carcéral où ils purgent depuis leur peine, et se sont désolidarisés de l'occupation du parc Malheur.

PHOTO AFP

Robert «LaVoy» Finicum