L'occupation depuis trois semaines d'un parc naturel américain en Oregon par des militants armés a pris un tour sanglant mardi lors d'une intervention policière qui a donné lieu à des échanges de tirs faisant un mort, un blessé et huit arrestations.

«Mardi vers 16 h 25 (19 h 25 à Montréal) le FBI et la police de l'État d'Oregon ont lancé une opération pour arrêter certains individus liés à l'occupation armée du parc national Malheur», ont annoncé les forces de l'ordre dans un communiqué.

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«Des coups de feu ont été tirés» et une personne que les policiers cherchaient à arrêter est morte, a ajouté la police.

Le leader du mouvement, Ammon Bundy, âgé de 40 ans et originaire de l'État voisin d'Idaho, et son frère Ryan (43 ans et venant du Nevada) font partie des six personnes arrêtées lors d'une opération sur l'autoroute 395, selon un communiqué de la police fédérale (FBI) et locale.

Tous deux sont les fils d'un célèbre militant antigouvernemental, Cliven Bundy, qui a déjà affronté les autorités.

Les frères Bundy et leurs acolytes réclamaient la «restitution» des terres fédérales du parc Malheur «au peuple».

D'après Michelle Fiore, une partisane de longue date de la famille Bundy, le militant tué serait LaVoy Finicum, qui était devenu l'un des porte-parole de facto des occupants du parc Malheur. «Mes prières vont à la famille de Lavoy Finicum. Il a été tué avec ses mains en l'air à Burns. Ryan Bundy a reçu une balle au bras», déclare notamment la femme sur son compte Twitter.

Ryan Bundy, qui a été légèrement blessé lors de l'affrontement avec la police, a été brièvement hospitalisé avant d'être placé en détention.

Près de deux heures plus tard, une septième personne, Peter Santilli, se présentant comme un journaliste indépendant de 50 ans diffusant des images sur YouTube a été arrêté «sans incident» à Burns, la bourgade la plus proche du parc Malheur, a précisé la police.

Un huitième militant qui s'était rallié initialement au mouvement d'Ammon Bundy dans le parc Malheur, Jon Rhitzeimer, 32 ans et connu pour ses positions anti-islam, s'est rendu aux autorités en Arizona, selon la police.

Qui a tiré en premier?

Selon la chaîne CNN, l'incident a débuté lorsque des policiers ont arrêté deux voitures transportant des manifestants lors d'un contrôle routier. Les manifestants ont obtempéré et se seraient rendus, à l'exception de deux d'entre eux, Ryan Bundy et LaVoy Finicum. Des tirs ont éclaté, mais on ignore si les policiers ou les militants ont dégainé en premier.

Le New York Times précise que les militants étaient en route pour une réunion publique dans les environs de Burns, où Ammon Bundy devait faire un discours.

La gouverneure de l'Oregon, la démocrate Kate Brown, a appelé au calme: «Une enquête fédérale est toujours en cours dans le comté de Harney. Je demande votre patience pendant que les autorités poursuivent la résolution rapide et pacifique de ce problème».

L'occupation du parc de Malheur, dans une région retirée et rurale de l'Oregon, a commencé le 2 janvier à la suite d'une manifestation de soutien à deux éleveurs locaux, condamnés à des peines de prison pour avoir mis le feu à des terres fédérales.

PHOTO ROB KERR, AFP

Lavoy Finicum (à gauche), que l'on voit ici en compagnie d'Ammon Bundy, serait la personne qui a perdu la vie dans l'intervention policière. 

Ces deux éleveurs, Dwight Hammond et son fils Stephen, se sont rendus dans l'établissement carcéral où ils purgent depuis leur peine, et se sont désolidarisés de l'occupation du parc Malheur.

Le mouvement anti-autorités fédérales mené par Ammon Bundy comprenait une dizaine de personnes, dont des éleveurs et d'anciens militaires.

La police n'a pas précisé s'il restait à présent des militants au siège du parc Malheur, et si oui combien.

Les autorités de l'Oregon avaient exprimé leur impatience alors que l'occupation, provenant d'étrangers à la région, se prolongeait. «Il est temps d'arrêter cette folie», avait lancé vendredi le juge du comté de Harney, Steve Grasty. La gouverneure de l'Oregon, Kate Brown, a écrit pour sa part au président Barack Obama, à la ministre de la Justice Loretta Lynch et au chef du FBI pour presser les forces de l'ordre d'intervenir.

Ces dernières ont longtemps parié sur un épuisement du mouvement, mais les Bundy et leurs acolytes n'ont donné aucun signe de vouloir quitter «pacifiquement» le parc comme les y appelaient les forces de l'ordre et de nombreux résidants.

L'association des éleveurs de l'Oregon et des représentants des tribus amérindiennes locales, notamment, ont fustigé les méthodes radicales des occupants.

Ces derniers ont démonté des clôtures du parc, fouillé des documents fédéraux, utilisé des objets conservés dans le parc, qui a dû rester fermé depuis trois semaines.

-Avec lapresse.ca