Le nombre de prisonniers de Guantánamo est passé jeudi sous la barre des 100 avec le transfert de 10 détenus à Oman, mais Barack Obama est encore loin de pouvoir réaliser sa promesse de campagne de fermer la prison.

Dix détenus, tous Yéménites, ont été transférés jeudi à Oman pour un «séjour temporaire», selon l'expression du ministère omanais des Affaires étrangères.

Il reste ainsi 93 détenus à Guantánamo, prison ouverte en janvier 2002 dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001, qui a accueilli jusqu'à 680 prisonniers à son pic d'activité en 2003.

Oman, pays frontalier du Yémen, a accueilli les 10 hommes «à la demande de l'administration américaine pour aider à résoudre le problème des détenus de Guantánamo», a précisé le ministère dans un communiqué diffusé par l'agence officielle omanaise ONA.

Ce transfert diminue «d'environ 10 %» la population du camp de prisonniers, s'est félicité le secrétaire à la Défense Ashton Carter, dans un discours lors d'une cérémonie militaire en Floride.

«Comme pour tous les transferts précédents, la décision a été prise après un examen approfondi par moi-même et d'autres hauts responsables de l'administration» de la situation de ces prisonniers, a-t-il précisé.

Le passage sous la barre des 100 prisonniers a été salué par les partisans de la fermeture du camp, désastreux pour l'image internationale des États-Unis.

Amnistie internationale a salué «une étape majeure», se félicitant que le transfert de jeudi soit le «plus important» depuis la prise de fonction de Barack Obama en 2009.

«Le contexte n'a jamais été aussi favorable» pour fermer Guantánamo, a estimé Naureen Shah, de la branche américaine d'Amnistie. «Il est temps que le Congrès américain cesse de faire obstacle» à cette fermeture, a-t-elle estimé.

Sur les 93 restants, une trentaine de prisonniers peuvent encore être transférés si l'administration américaine trouve des pays étrangers pour les accueillir, avec des garanties que les détenus concernés ne reprendront pas le combat.

Mais la plupart d'entre eux sont Yéménites, comme les prisonniers envoyés à Oman jeudi, et ne peuvent donc pas retourner dans leur pays en guerre.

Plan de déménagement

Et l'administration américaine ne veut pas relâcher une soixantaine des détenus restants, jugés trop dangereux ou, pour une dizaine d'entre eux, condamnés ou en attente de procès.

L'administration voudrait pouvoir transférer ces détenus sur le sol américain et fermer le camp de l'île cubaine. Elle n'est toutefois toujours pas parvenue à présenter un plan de déménagement du site.

Le Pentagone devait présenter en novembre dernier des options, envisageant notamment un transfert dans les prisons militaires de Charleston (Caroline du Sud) et Fort Leavenworth (Kansas), la prison fédérale à haute sécurité de Florence (Colorado), et un autre site à Canon City, dans le même État.

Mais la publication a finalement été reportée, Barack Obama ayant réclamé qu'on lui présente des options moins coûteuses.

Pour l'instant, la prison de Guantánamo coûte chaque année de 400 à 450 millions de dollars au contribuable américain, selon les estimations.

La prison «coûte cher, elle est inutile, et n'est qu'un tract de recrutement pour nos ennemis», a rappelé une fois de plus Barack Obama dans son discours de l'état de l'Union mardi.