Un détenu de Guantanamo considéré comme un « conseiller » d'Oussama Ben Laden, a été transféré au Koweït, pays dont il est originaire, a annoncé vendredi le Pentagone, qui planche sur une alternative à cette prison controversée.

« Le département de la Défense a annoncé aujourd'hui le rapatriement de Faez Mohammed Ahmed Al-Kandari depuis la prison de Guantanamo », a indiqué dans un communiqué le Pentagone, précisant que le détenu a été remis au gouvernement du Koweït.

La détention de cet homme, capturé en décembre 2001 et envoyé à Guantanamo en mai 2002, « n'est plus nécessaire pour se protéger contre une menace continue et importante sur la sécurité des États-Unis », estime la Défense américaine.

Faez Mohammed Ahmed Al-Kandari était un « membre engagé » d'Al-Qaïda, voire un « conseiller » d'Oussama Ben Laden, et une figure religieuse influente auprès des combattants en Afghanistan, selon son fichier de prisonnier révélé par Wikileaks et publié par le New York Times.

Selon ce document, il avait quitté le Koweït en juin 2001 pour se rendre au Pakistan, puis à Kandahar, en Afghanistan. Six mois plus tard, il avait été arrêté entre Tora Bora, alors repaire d'Al-Qaïda, et la frontière pakistanaise, puis transféré à Guantanamo.

M. Al-Kandari fait partie d'un groupe de 17 prisonniers dont le transfert est prévu d'ici la mi-janvier de Guantanamo vers d'autres pays qui ont accepté de les recevoir. Deux d'entre eux ont été transférés vers le Ghana mercredi, et à l'issue de ces transferts qui avaient été annoncés à la mi-décembre, il ne restera que 90 détenus dans le camp de prisonniers.

Le rapatriement de M. Al-Kandari porte à 104 le nombre de détenus actuellement à Guantanamo. Le transfert de 45 de ces prisonniers a été approuvé, mais reste dans de nombreux cas, principalement ceux des détenus yéménites qui ne peuvent être rapatriés dans leur pays en guerre, à trouver un pays pour les accueillir.

Après leur transfèrement, les détenus passent généralement par un processus de contrôle et de réhabilitation dans le pays d'accueil.

Guantanamo du Nord?

Barack Obama, dont la fermeture de la prison controversée était une promesse phare dès son premier mandat, s'est résigné à signer fin novembre la grande loi de défense 2016 qui renouvelle en particulier l'interdiction de fermer Guantanamo.

La Maison-Blanche continue toutefois à travailler sur un nouveau plan, annoncé de longue date, pour fermer cette prison, créée en janvier 2002 sur l'île de Cuba dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001 et dans laquelle ont été emprisonnées jusqu'à 779 personnes.

Le président américain souhaite voir les prisonniers restants, dont le transfert n'a pas approuvé, incarcérés dans une institution en sol américain et a ainsi demandé au Pentagone de lui fournir des propositions pour un « Guantanamo du Nord ».

Mais en raison de retards, des lourdeurs administratives et de l'opposition politique, ce transfert aux États-Unis pourrait ne pas être complété d'ici la fin de sa présidence dans moins d'un an.

Des sources anonymes, citées dans des médias américains, ont par ailleurs suggéré que le Pentagone retardait lui-même, et de façon délibérée, la libération de prisonniers dont le transfert a pourtant été approuvé.

« Ces nouvelles sur (le Pentagone) qui ralentirait ou tenterait de compromettre la libération de détenus sont complètement absurdes », a commenté le général John Kelly, qui a supervisé la prison de Guantanamo au cours des trois dernières années. « Honnêtement, c'est une insulte », a-t-il ajouté.

Plus tôt cette semaine, deux autres détenus de Guantanamo, Mahmud Umar Muhammad Bin Atef et Khalid Muhammad Salih Al-Dhuby, ont été transférés au Ghana, premier transfèrement de détenus de cette prison dans un pays d'Afrique subsaharienne.