Les autorités américaines ont arrêté et inculpé jeudi Enrique Marquez, ami proche d'un des deux tueurs de San Bernardino, marquant un tournant majeur dans l'enquête sur l'attentat le plus meurtrier aux États-Unis depuis 2001.

Enrique Marquez, ami de longue date de Syed Farook, a été notamment inculpé de projets d'attentat avec Farook en 2011 et 2012 dans une université et sur une autoroute.

Il est notamment accusé d'avoir fourni « illégalement » à Syed Farook des explosifs et deux fusils qui ont été utilisés pendant la tuerie de San Bernardino, ayant fait 14 morts et 22 blessés.

Enrique Marquez fait l'objet d'un troisième chef d'accusation pour « avoir trompé les services fédéraux de l'immigration en faisant un mariage blanc » avec une femme, dont la soeur avait épousé le frère de Syed Farook, selon un communiqué du département américain de la Justice (DoJ).

Cette immigrée russe, d'après plusieurs médias américains, payait Enrique Marquez 200 dollars par mois.

Syed Farook et sa femme Tashfeen Malik, couple d'origine pakistanaise, ont ouvert le feu au fusil d'assaut le 2 décembre dans un déjeuner de Noël pour employés des services sanitaires du comté de San Bernardino, où travaillait Syed Farook.

Séquence des événements

Ils ont été tués dans un échange de tirs avec la police, après une course-poursuite en voiture.

« Bien qu'il n'y ait actuellement pas de preuve que M. Marquez ait participé à l'attentat du 2 décembre ou ait été au courant qu'il se préparait, son achat de deux armes à feu et le fait qu'il n'ait pas prévenu les autorités du projet de Farook de commettre un crime de masse ont eu des conséquences fatales », a commenté la procureure fédérale du centre de la Californie Eileen Decker.

Enrique Marquez, 24 ans et qui selon le Los Angeles Times rêvait d'entrer dans la Marine américaine, devait être déféré plus tard jeudi devant un tribunal fédéral de Riverside, ville située à côté de San Bernardino où il réside.

D'après l'acte d'accusation, Enrique Marquez a déménagé en 2004 à Riverside, à environ une heure de Los Angeles. Il habitait la maison d'à côté de celle de Syed Farook, qu'il a rencontré devant son garage.

Syed Farook, pourtant réservé, s'est lié d'amitié avec lui et l'a profondément influencé. Il l'a « initié à l'islam », religion à laquelle l'accusé s'est converti en 2007.

Selon le DoJ, Syed Farook a ensuite converti Enrique Marquez « à l'idéologie radicale islamiste » si bien qu'« à partir de la fin 2011, Marquez passait le plus clair de son temps chez Farook à écouter des sermons et à regarder des vidéos à contenu islamiste radical ».

Enrique Marquez se serait entraîné au tir avec Syed Farook mais aurait finalement pris ses distances avec lui et abandonné leurs projets d'attentat « après 2012 pour une série de raisons » et notamment l'arrestation pour charges de terrorisme de deux hommes originaires de leur région.

Il a pour la première fois été interrogé par les enquêteurs quatre jours après l'attentat.

Le communiqué annonçant l'inculpation d'Enrique Marquez donne de nombreux détails sur la funeste matinée du 2 décembre.

Syed Farook, un Américain d'origine pakistanaise de 28 ans, est entré vers 9 h dans la salle d'une fête de Noël dans le gigantesque bâtiment du Inland Regional Center (IRC) et a « posé quelque chose sur une table ».

Les enquêteurs ont ensuite retrouvé sur une table sur les lieux de la fusillade une bombe artisanale destinée à être activée à distance chez Syed Farook et Tashfeen Malik, ainsi qu'un engin pour télécommander l'explosion dans leur voiture.

Peu avant 11 h, « au moins un individu qui aurait été habillé en tenue de combat noire, serait sorti d'un 4x4 devant l'IRC et aurait ouvert le feu à l'extérieur et dans le centre, tuant 14 personnes ».

Les autorités expliquent aussi que le matin de la tuerie, « une recherche sur (le groupe jihadiste) État islamique (EI) a été faite à partir d'un compte Facebook associée à Tashfeen Malik ».

Peu après le massacre, un message a été posté sur une page Facebook liée à Tashfeen Malik affirmant « nous déclarons allégeance à Abou Bakr al-Baghdadi », le chef de l'EI, ajoutent les autorités sans préciser si le compte et la page étaient associés.

Selon les autorités le couple de tueurs, parent d'un bébé de six mois, n'appartenait toutefois pas à un groupe ou à une cellule terroriste avérée.