Propos «cyniques», «destructeurs» et «moralement répréhensibles» prononcés par «un aboyeur de foire» qui terminera dans «les poubelles de l'histoire»: la Maison-Blanche a opté pour un registre inhabituellement offensif pour dénoncer la démarche du candidat Donald Trump.

«Ce qu'a dit Donald Trump le disqualifie pour être président», a lâché mardi Josh Earnest, porte-parole de Barack Obama, au lendemain des déclarations du tonitruant milliardaire qui a proposé de purement et simplement barrer l'entrée des États-Unis aux musulmans.

«La question pour le reste du parti républicain est maintenant de savoir s'ils se laisseront entraîner dans les poubelles de l'histoire avec lui», a ajouté le porte-parole du président démocrate, au ton traditionnellement beaucoup plus mesuré.

En appelant de manière spectaculaire les autres candidats républicains à se positionner par rapport au magnat de l'immobilier, l'exécutif place, à un an de l'élection présidentielle, ses adversaires du «Grand Old Party» face à un dilemme.

S'ils rejettent Trump, ils prennent le risque que ce dernier ne se lance finalement en indépendant. S'ils affirment haut et fort qu'il est un candidat acceptable qui pourrait porter leurs couleurs, ils risquent d'être accusés à leur tour de jouer avec le feu et les valeurs fondatrices de l'Amérique.

S'appuyant sur les peurs nées de l'attentat sanglant de San Bernardino, le sexagénaire, qui a fait de la provocation sa marque de fabrique et fait la course en tête dans les sondages, a proposé lundi de fermer les frontières des États-Unis aux musulmans «jusqu'à ce que nous soyons capables de déterminer et de comprendre ce problème».

Ses propos ont provoqué une vague d'indignation, aux États-Unis mais aussi à travers le monde.

Pour la Maison-Blanche, une ligne a été franchie et tous les républicains doivent désormais se positionner.

«Auront-ils le courage de leurs convictions et affirmeront-ils qu'ils préfèrent être du côté de la Constitution plutôt que du côté de M. Trump même si celui-ci est le candidat républicain ?», s'est interrogé Josh Earnest.

«Faux cheveux» 

Rappelant que le tout premier acte d'un président était de prêter serment en jurant de «protéger et défendre la Constitution des États-Unis», le porte-parole de M. Obama a estimé que les propositions de Trump étaient incohérentes avec les valeurs même de ce texte fondateur.

Lors d'une allocution solennelle prononcée dimanche soir depuis le Bureau ovale, M. Obama a lui-même appelé ses compatriotes à ne pas céder à la tentation de stigmatiser les musulmans, martelant que les djihadistes de l'EI - «des voyous, des tueurs» - ne parlaient pas au nom de l'Islam.

«Le fait est que des millions de musulmans sont du côté des États-Unis et de coalition internationale contre le groupe EI. Suggérer l'inverse ne fait que renforcer la rhétorique de l'EI», a surenchéri mardi son porte-parole.

Pour autant, a insisté M. Obama, les musulmans doivent aussi assumer leurs responsabilités et lutter sans chercher d'excuses contre les «idéologies extrémistes» qui ont progressé au sein de certaines de leurs communautés.

Plus surprenant, le porte-parole de l'exécutif a aussi lancé une pique au candidat sur son apparence physique, évoquant au détour d'une phrase ses «faux cheveux».

Appelé à s'expliquer sur cet angle d'attaque, qui évoque plus une tactique «Trumpesque» qu'une déclaration depuis le pupitre de la Maison-Blanche, Josh Earnest s'est un peu emmêlé les pinceaux, évoquant une forme d'extravagance qui est, selon lui, «la marque de fabrique» du candidat républicain.

Donald Trump, qui a multiplié les déclarations volontairement polémiques depuis son entrée en campagne, s'était en particulier moqué du physique de la seule femme en lice dans le camp républicain, Carly Fiorina.