Derrière Donald Trump, un quadragénaire monte doucement, mais sûrement dans la course des primaires républicaines pour la Maison-Blanche: Marco Rubio, un sénateur qui mise sur son expérience, certes brève, des sujets de sécurité nationale pour séduire les conservateurs.

L'ascension de Marco Rubio, 44 ans, est particulièrement visible dans le petit État du New Hampshire, dans le nord-est des États-Unis. Ici se croisent tous les jours les candidats démocrates et républicains à la présidentielle, car les électeurs du New Hampshire voteront dès le 9 février 2016 dans le cycle des primaires. Seul l'Iowa rural votera avant.

Or Marco Rubio est désormais en deuxième position dans les sondages du New Hampshire, certes très loin derrière Donald Trump (12 % contre 27 %).

Ce père de quatre enfants, d'origine cubaine, catholique, est connu pour son sourire et ses exceptionnels talents de communication, qu'il met à l'emploi pour vanter les bientôt cinq années qu'il a passées au Sénat américain comme membre des commissions du Renseignement et des Affaires étrangères.

Dans la foulée des fusillades mortelles qui ont frappé l'Oregon et la Californie, il n'a pas perdu de temps, vendredi dans une réunion publique dans la petite ville de Greenland, pour dénoncer les appels de Barack Obama et de celle qui pourrait un jour être son adversaire, Hillary Clinton, à un renforcement des lois sur les armes à feu.

«Le contrôle des armes» n'est pas la bonne réponse, a-t-il dit devant 180 personnes. «Nous avons besoin de contrôle des terroristes».

Marco Rubio cherche un équilibre délicat dans la course des primaires, entre la guérilla idéologique proposée par l'ultraconservateur Ted Cruz et le républicain Jeb Bush, préféré des modérés et du patronat, mais en chute libre dans les sondages.

«Tout le monde met Rubio sur leur liste des "peut-être"», constate le consultant républicain local Fergus Cullen, ancien président du parti républicain du New Hampshire.

Face à l'incendiaire Trump, Marco Rubio tente sans le dire de rassembler le camp du «tout sauf Trump».

«J'ai vraiment du mal avec lui», dit de Trump Pam DuBois, 69 ans. «Je ne le trouve pas très présidentiel».

En électrice éclairée, et selon la forte tradition politique locale, Pam est venue voir Rubio pour se faire un avis en personne. «Je ne dis pas non à Rubio», conclut-elle, en se disant impressionnée par la précision des explications du candidat.

Plus sérieux que Trump

Les attentats récents en France et aux États-Unis ont changé les thèmes dominants de la campagne des primaires et donné une ouverture aux candidats jugés plus solides sur la défense ou la sécurité nationale, des domaines où le sénateur Rubio a beaucoup investi, peut-être pour compenser sa jeunesse et son absence d'expérience exécutive (il n'a jamais été qu'élu, d'abord en Floride, puis au Sénat américain).

«Être président ne consiste pas seulement à voir ce qu'on a devant nous, il faut comprendre ce qui se passerait dans un second temps si on ne fait pas ce qu'il faut», a expliqué à son auditoire le sénateur, en affirmant qu'il avait prédit que la Russie lancerait des bombardements en Syrie.

«Personne, ces dernières années, n'a eu un jugement aussi sûr que le mien ni fait de prédictions plus justes».

Au-delà des affaires de sécurité nationale, beaucoup de partisans disent soutenir Marco Rubio parce qu'ils anticipent qu'il sera le plus capable de battre la probable candidate démocrate dans les urnes en novembre 2016, Hillary Clinton.

«Je veux qu'on gagne la prochaine élection, et je pense qu'il est le républicain le plus susceptible de nous mener à la victoire», dit Chris Stewart, élu de la Chambre des représentants et soutien de la première heure.

Et si le sénateur a jusqu'à présent évité d'attaquer frontalement Donald Trump, c'est dû à sa stratégie de ne pas glisser, pour l'instant, dans une campagne négative.

«Je n'ai pas besoin de détruire les autres pour monter, et c'est comme ça que je continuerai à faire campagne», assure Marco Rubio.