Barack Obama a promis de «traquer les terroristes» où qu'ils soient et de vaincre le groupe armé État islamique, tentant de rassurer des Américains qui s'inquiètent après l'attentat de San Bernardino et jugent sa réponse militaire à l'EI pas assez agressive.

«La menace du terrorisme est réelle, mais nous la vaincrons. Nous détruirons l'EI et toute autre organisation qui chercherait à nous nuire», a lancé dimanche soir le président américain lors d'une allocution solennelle prononcée dans le Bureau ovale, pour la troisième fois seulement depuis son arrivée au pouvoir.

Le président des États-Unis a appelé ses compatriotes à ne pas céder à la peur ou à la tentation de stigmatiser les musulmans.

«L'EI ne parle pas au nom de l'islam, ce sont des voyous, des tueurs», a-t-il martelé, appelant à considérer les musulmans comme des alliés plutôt qu'à «les repousser à travers la suspicion ou la haine».

Pour autant, a-t-il souligné avec force, les musulmans doivent aussi assumer leurs responsabilités et lutter - sans chercher d'excuses - contre les «idéologies extrémistes» qui ont progressé au sein de certaines de leurs communautés.

Sans annoncer d'inflexion dans sa stratégie de lutte contre l'EI, M. Obama a répété que les États-Unis ne se laisseraient pas entraîner dans une «longue et coûteuse» guerre au sol en Irak et en Syrie, où une coalition menée par Washington bombarde les djihadistes depuis plus d'un an.

«Nous ne réussirons pas si nous abandonnons nos valeurs ou si nous cédons à la peur», a-t-il martelé, appelant à faire preuve de détermination face à une «menace terroriste» qui «est entrée ces dernières années dans une nouvelle phase», avec des attaques de nature différente que celles du 11- Septembre.

À un an de son départ de la Maison-Blanche, le président américain peine à convaincre du bien-fondé de sa stratégie de lutte contre les djihadistes qui ont revendiqué ces derniers mois nombre d'attentats à travers le monde, dont ceux qui ont ensanglanté Paris le 13 novembre (130 morts).

Selon un sondage CNN/ORC rendu public juste avant son allocution, 68 % des Américains jugent que la réponse militaire face à l'EI n'a pas été assez agressive. Selon ce sondage, réalisé avant la fusillade de San Bernardino, 60 % des personnes interrogées (contre 51 % en mai) désapprouvent la façon dont le président répond à la question du terrorisme.

École coranique

Évoquant l'enquête sur l'attentat de San Bernardino, le plus meurtrier aux États-Unis depuis le 11- Septembre, M. Obama a souligné qu'il n'y avait à ce stade «aucune indication» que les tueurs aient été dirigés par un «groupe terroriste depuis l'étranger».

«Mais il est clair que ces deux personnes avaient suivi la voie délétère de la radicalisation», a-t-il ajouté.

L'EI a salué les auteurs du massacre - Tashfeen Malik, une Pakistanaise de 29 ans, et son époux Syed Farook, un Américain de 28 ans - «soldats» de son califat autoproclamé, sans pour autant revendiquer leur action.

Les enquêteurs étudiaient la piste d'une radicalisation de Farook par son épouse, une thèse qui pourrait être confortée par le fait que Tashfeen Malik avait fréquenté l'une des écoles coraniques les plus connues du Pakistan, pour les musulmanes cherchant à approfondir leur foi.

Cette madrasa, l'institut al-Huda, n'a pas de lien connu avec des organisations extrémistes, mais a été critiquée pour avoir diffusé une idéologie proche de celle des talibans selon ses détracteurs.

Le couple de tueurs, disposant de fusils d'assaut, de milliers de munitions et d'engins explosifs, a arrosé de balles un déjeuner de Noël rassemblant des collègues de Farook, faisant 14 morts, avant d'être abattu par la police.

Le FBI a trouvé chez le couple «des signes de radicalisation» et une «inspiration potentielle par des organisations terroristes étrangères», mais rien n'indique qu'ils faisaient partie d'un réseau organisé ou d'une cellule.

Une nouvelle fois, mais sans réel espoir d'être entendu, le président démocrate a appelé le Congrès à légiférer pour renforcer le contrôle des armes individuelles.

Ses adversaires républicains ont été prompts à dénoncer l'absence d'annonces nouvelles.

«L'ennemi s'adapte, nous devons le faire aussi. C'est pourquoi ce que j'ai entendu ce soir était si décevant: pas de nouveau plan, juste une tentative peu convaincante de défendre un politique vouée à l'échec», a réagi Paul Ryan, président de la Chambre des représentants.

«C'est tout?», a ironisé le magnat de l'immobilier Donald Trump sur Twitter. «Il nous faut un nouveau président, et VITE!», a ajouté celui qui caracole en tête dans la course à l'investiture républicaine.

«C'est la guerre de notre génération. Nous avons besoin d'un commandant en chef qui soit capable de mener notre pays à la victoire», a souligné de son côté Jeb Bush, l'un de ses rivaux.