Des records de ventes d'armes à feu, chaque mois, depuis maintenant sept mois. Les indices montrent que les Américains sont en train de s'armer à un rythme inégalé. Et les tueries comme celles de San Bernardino, loin de freiner le phénomène, sont connues pour l'accélérer.

Vendredi dernier, lors des soldes du Vendredi fou (Black Friday), le FBI a effectué pas moins de 185 345 vérifications d'antécédents criminels pour des gens souhaitant acheter des armes à feu. C'est plus de deux vérifications par seconde, et un record de tous les temps pour une seule journée.

Le Vendredi fou entraîne toujours une ruée vers les armes, puisque des rabais substantiels sont offerts aux consommateurs. Mais le record de cette année s'inscrit dans une tendance lourde. Une analyse des chiffres du FBI montre que depuis avril, chaque mois s'est systématiquement soldé par des records de vérifications de sécurité liées aux achats d'armes.

Selon les experts, les attentats terroristes comme ceux qui ont frappé Paris, combinés aux fusillades de masse quasi quotidiennes sur le sol américain, créent un sentiment d'insécurité qui incite les gens à s'armer.

«La principale motivation expliquant les ventes d'armes est la crainte de la violence quotidienne, y compris les tueries de masse», affirme Jon Vernick, codirecteur du Johns Hopkins Center for Gun Policy and Research.

En fait, selon M. Vernick, les tueries comme celle survenue mercredi à San Bernardino ont un double effet. En plus de créer un sentiment d'insécurité, elles font ressurgir le débat sur le contrôle des armes à feu, incitant les amateurs d'armes à devancer leurs achats de crainte que les lois ne soient resserrées.

«Nous croyons qu'il n'y a pas nécessairement plus de gens qui achètent des armes, précise David Hemenway, professeur au département de santé publique et de gestion à l'Université Harvard. Souvent, ce sont des gens qui possèdent déjà des armes qui en achètent d'autres.»

Tout cela n'augure rien de bon quand on sait qu'une augmentation des armes en circulation, loin de favoriser la sécurité, fait directement augmenter les risques de violence.

«Les gens qui ont des armes à la maison sont plus susceptibles de devoir composer avec un homicide ou un suicide d'un membre de leur famille», rappelle Jon Vernick, citant de nombreuses études sur le sujet.

Chez nous, la Sûreté du Québec affirme ne pas avoir noté d'augmentation des demandes de permis d'armes depuis les attentats de Paris du 13 novembre.

Des ventes sous-estimées

Les ventes d'armes elles-mêmes n'étant pas comptabilisées aux États-Unis, les vérifications d'antécédents criminels effectuées par le FBI sont l'indice le plus utilisé pour estimer le rythme auquel s'arment les Américains. Selon le Johns Hopkins Center for Gun Policy and Research, ce chiffre sous-estime en fait les ventes d'armes, puisque pas moins de 40% d'entre elles se feraient par l'entremise de petits marchands non enregistrés qui ne vérifient pas les antécédents criminels de leurs clients.