Le Congrès américain, à majorité républicaine, se préparait mercredi à légiférer pour durcir les conditions d'admission de réfugiés en provenance de Syrie et d'Irak, et des élus appelaient aussi à une réévaluation du programme d'exemption de visas pour les touristes européens.

La Chambre des représentants devrait voter jeudi sur une proposition de loi qui suspendrait l'accueil de réfugiés en provenance de Syrie et d'Irak jusqu'à ce que le FBI et les services de sécurité américains renforcent leurs procédures de vérification d'antécédents. Ce qui pourrait prendre des mois ou des années, déplorent des élus démocrates.

La loi n'interdirait pas définitivement l'admission de réfugiés de ces pays: une sorte de compromis élaboré par les républicains dans le but de rallier des voix démocrates. Le texte, qui devra encore être examiné par le Sénat, exigerait in fine que le directeur du FBI, le secrétaire à la Sécurité intérieure et le directeur du Renseignement national certifient personnellement que chaque réfugié ne pose pas de menace sécuritaire.

«C'est leur décision. C'est leur responsabilité», a fait valoir Michael McCaul, président de la commission de la Sécurité intérieure et coauteur de la législation.

«Notre priorité est de protéger les Américains», a déclaré Paul Ryan, président de la Chambre. «Nous pouvons compatir, mais nous pouvons aussi être en sécurité».

L'administration de Barack Obama répète que la procédure de sélection, parmi les personnes réfugiées dans les camps de l'ONU en Turquie, Jordanie et Égypte, est déjà très longue, et en veut pour preuve que seulement un peu plus de 2000 réfugiés syriens ont reçu un visa en quatre ans. Mais l'assertion que chaque dossier fait l'objet de vérifications d'antécédents se heurte à l'absence avérée d'interlocuteurs ou de base de données accessibles aux Américains en Syrie, dirigée par le président Bachar al-Assad.

Plus de la moitié des 50 gouverneurs d'États fédérés ont déclaré qu'ils ne voulaient plus que l'État fédéral leur envoie de réfugiés syriens. La controverse a gagné la campagne présidentielle, la plupart des candidats aux primaires républicaines déclarant les Syriens persona non grata.

Barack Obama, depuis les Philippines, a déploré «l'hystérie» ambiante, accusant les républicains d'avoir peur des «veuves et des orphelins».

Le ton de sa déclaration a été très mal reçu au Capitole, même chez les élus pro-réfugiés.

«Au lieu d'accuser les gens d'être sectaires, qu'il explique comment fonctionne le processus de sélection», a dit le sénateur républicain Jeff Flake.

«La procédure de sélection est très stricte, mais l'administration ne l'a pas bien expliquée aux Américains», a critiqué le sénateur démocrate Tim Kaine.

Pour le sénateur républicain John McCain, «l'attention démesurée au programme de réfugiés est déplacée». «J'incite mes collègues républicains à reconnaître que les réfugiés ne sont pas le problème, ils sont le symptôme du problème», a-t-il déclaré.

L'implication de Français dans les attentats de Paris constituait l'autre sujet d'inquiétude dans les couloirs du Congrès.

Les ressortissants de 23 des 28 pays de l'Union européenne peuvent voyager aux États-Unis sans visa de tourisme, une exemption dont 38 pays bénéficient dans le monde.

Michael McCaul a annoncé qu'une proposition de loi serait déposée après les vacances de Thanksgiving de la semaine prochaine.

«C'est évidemment une vulnérabilité quand 5000 combattants étrangers ont des passeports occidentaux. Il faut combler ces failles sécuritaires», a-t-il dit à des journalistes.