La Maison-Blanche et le Congrès à majorité républicaine ont signé un rare compromis pour financer l'État fédéral et éviter un défaut de paiement jusqu'en 2017, assurant à Barack Obama qu'il n'aura plus à gérer de crise budgétaire jusqu'à son départ.

L'accord négocié dans la discrétion depuis septembre et dévoilé dans la nuit de lundi à mardi a toutes les chances d'être adopté rapidement par la Chambre des représentants et le Sénat.

Il augmente légèrement les budgets des années budgétaires 2016 et 2017 et relève le plafond de la dette jusqu'au 15 mars 2017, deux mois après l'investiture du successeur de Barack Obama.

Les marchés s'attendaient certes à ce qu'une solution soit trouvée sur la limite de la dette avant la date-butoir de mardi prochain, mais le texte écarte officiellement, avec une semaine d'avance, tout risque imminent de défaut de paiement.

«Personne n'a eu tout ce qu'il voulait, mais l'accord durera deux ans et nous évitera de sauter de crise en crise», s'est félicité le vice-président américain, Joe Biden.

Le porte-parole de la Maison-Blanche Eric Schultz a souligné que Barack Obama s'était impliqué personnellement dans les négociations avec les chefs de file parlementaires démocrates et républicains.

Le compromis met un inattendu point final à cinq années de dialogue de sourds entre le président Obama, armé de son pouvoir de veto, et des républicains déterminés à réduire la voilure de l'État fédéral. L'affrontement a permis de faire chuter le déficit public à son plus bas niveau en huit ans, à 2,5% du PIB en 2015.

Mais la stratégie de la corde raide des républicains, sous pression de la faction ultra-conservatrice, a mené les États-Unis au bord du défaut de paiement en 2011 et 2013, quand le Congrès n'a accepté de relever la limite de la dette qu'à la dernière minute (le Trésor américain n'a plus le droit d'emprunter sur les marchés dès que ce «plafond» est atteint).

«Nettoyer la grange»

Le compromis assouplit pendant deux ans l'austérité imposée en 2011, soit jusqu'au 30 septembre 2017.

L'État fédéral dépensera 1067 milliards de dollars en 2016 (50 milliards de plus que le plafond initial) et 1070 milliards en 2017 (30 milliards de plus), dont environ la moitié pour la Défense, qui bénéficiera aussi d'une rallonge exceptionnelle de 31 milliards.

Ce budget dit discrétionnaire ne représente qu'environ un tiers des dépenses de l'État fédéral. Les dépenses sociales comme les programmes d'assurance maladie pour retraités ou personnes modestes fonctionnent séparément.

Paradoxalement, cette percée n'a pu se produire que parce que le président de la Chambre, John Boehner, a été poussé à la démission par les frondeurs du Tea Party, qui lui reprochent un manque de combativité face à Barack Obama.

Usé par la guerre civile entre modérés et ultra-conservateurs depuis la victoire des législatives de 2010, John Boehner avait annoncé qu'il «nettoierait la grange» avant son départ, prévu vendredi, et au diable les objections du Tea Party.

«Parfois la montre joue contre vous, et parfois la montre vous aide», a ironisé John Boehner mardi au Capitole. «Je suis content de voir la lumière au bout du tunnel».

Tea Party furieux 

Selon l'exécutif américain, la hausse des dépenses dopera le PIB américain de 0,3% en 2016, créant 340 000 emplois supplémentaires.

Débarrassé de ces épineuses questions budgétaires, le parti républicain peut envisager plus sereinement l'année électorale qui s'engage, en vue de la présidentielle de 2016.

Le favori pour succéder à John Boehner est le représentant républicain Paul Ryan, qui sera désigné candidat du groupe lors d'un vote interne mercredi, puis élu par les 435 membres de la Chambre jeudi.

Le Tea Party était néanmoins furieux mardi de découvrir un compromis négocié dans son dos, et qui selon ses élus ne réduit pas assez les dépenses.

«Si j'étais Barack Obama, je serais fou de joie», a râlé le représentant Steve King.

Ces élus conservateurs devraient voter contre le texte budgétaire qui devrait être mis aux voix mercredi à la Chambre. Mais grâce à l'appui des 188 représentants démocrates, 30 des 247 républicains suffiront pour atteindre la majorité requise.